Tant de roses se sont fanées
Tant de roses se sont fanées, matins brumeux,
Et là , derrière la fenêtre, je regarde
Au loin le vent dévoiler, peu à peu,
Le temps qui dans toute chose musarde.
Ces secondes me semblent une éternité,
Songe profond où j’atteins l’essentiel,
Ce sentiment d’être en toute intimité
Une âme entre la terre et le ciel.
Je puise au plus profond de moi,
Arrachant les odeurs, les bruits,
Ces quelques images qui à chaque fois
S’échappent de mon front, me laissant la nuit.
Mes mains s’ennuient, et vont, et viennent,
Une d’entre elles frôle mon visage,
Mon regard se disperse, se posant à peine,
Cherchant confusément d’autres rivages.
Je voudrais que ces instants s’éternisent
Jusqu’au clin d’œil hivernal,
Et qu’enfin le passé se déguise
En un présent des plus banal.
Tant de roses se sont fanées, matins brumeux,
J’entends quelques notes, ces nocturnes de Chopin,
Sur le toit chante le ciel, il pleut,
Et dans mes poches se blottissent mes mains.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie. ( Ch. Baudelaire )