J'ai longtemps hésité avant de me décider à t'écrire. Mon coeur tremble tellement fort: plus encore que cette première fois où je t'ai dit que je t'aimais. Devant la feuille, d'un vide rose et parfumé, je m'enfonce en des sables mouvants oppressants.
D'instinct, je sens qu'il faudrait juste un mot, riche de sens, telle une clé pour que le miracle s'opère et que je sois enfin libéré : comme seule une vague d' amour peut y parvenir. Mais, voilà , moi , d'ordinaire si prolixe, j'ai perdu mes repères: je cherche un soleil dans ma nuit depuis que tu es partie. Si tu savais à quel point j'ai froid, aujourd'hui. C'était quand, déjà ? Je ne me souviens plus.
J'ai longtemps hésité, en tant qu'homme, puis j'ai pleuré comme un gosse, sans retenue: j'avais tout perdu.
Au fond, je voudrais que tu saches combien je continue à t'aimer. Je ne saurais pas faire autrement, ça ne se commande pas ces choses là .
Oui, je pourrais commencer cette lettre comme ça. Pourtant je n'en ferai rien pour ne pas troubler ton nouveau bonheur.
Devant le vide de la page vide, rose et parfumée, je ferme les yeux pour mieux me souvenir de notre premier baiser. Jamais tu n'apprendras combien me ronge encore le feu de nos étreintes folles.
Alors j'embrase le papier, plein de l'ardeur des mots que je ne t'écrirai pas.
Je t'entrevois si belle en toute liberté dans l'avenir d'un autre. Et je m'écrie: " Bon vent ! "
HIER
C'est bien sûr purement imaginé, sans aucun rapport avec mon existence.
Pierre WATTEBLED
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