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     L'enfant de la honte (page 3 sur 120)
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Expéditeur Conversation
Lulu83
Envoyé le :  28/4/2009 10:27
Plume de satin
Inscrit le: 22/3/2009
De:
Envois: 42
L'enfant de la honte (page 3 sur 120)
texte protégé par la copiryght

Paragraphe I
1
Chapitre I Le Traitre


Barthélémy vient d'avoir trente deux ans, nous sommes en avril 1943 , au Castellet, un petit village de France dans les Bouches du Rhône. C'est un garçon assez grand ,les cheveux bruns, la lèvre épaisse ,les yeux légèrement rapprochés du nez .De bonne corpulence sans être gras ,c'est comme on dit ici ,un beau gaillard . Barthélémy est croque-mort depuis déjà trois ans . Par dessus tout ,il aime "mettre en bière" .Il aime regarder le mort quel qu'il soit et c'est presque avec un sourire malsain qu'il referme le couvercle . Au début des hostilités entre l'Allemagne et la France , il s'ennuyait un peu , mais très vite une distraction lui est venue , "vendre les juifs et les résistants" aux Allemands . Bien sûr il a une autre passion , la musique , le piano en particulier , il adore écouter des musiciens dignes de ce nom sur sa T.S.F. lorsque les émissions le permettent . Il écoute du Bach et du Mozart entre autre , mais il est vrai qu'il n'a que très peu de chance d'en entendre souvent par ces temps de guerre . Barthélémy a une phobie , il a peur des rats depuis qu'il a cinq ans . Il est certain que cet animal a engendré tellement de maladies depuis si longtemps qu'il le rebute à un point .....
S'il est jeune et pas vilain garçon , Barthélémy n'a jamais connu de femme , il en a peur , sa mère il faut le dire avait été très castratrice avec lui :
_ Lave toi les mains avant de couper le pain Barthélémy , "remonte ton pantalon Barthélémy " , "lace bien tes chaussures Barthélémy tu risques de tomber" et bien d'autres reproches injustifiés ...... hurlait sans cesse la bonne dame . Les cheveux en chignon au dessus de lunettes écaillées posées sur ses yeux bruns ,les mains et le visage marqués par les ans . Elle était veuve depuis 1915 , elle frôlait les cinquante cinq ans , son mari avait perdu la vie au front avec les Poilus près de Verdun . Barthélémy s'exécutait toujours sans rouscailler
_ Aujourd'hui tu viens à l'église avec moi, insistait-elle souvent . Ils étaient très croyants , d'ailleurs Toinette n'avait qu'un seul regret , c'est que son fils unique ne soit entré dans les ordres .
Depuis la mort de sa mère il y a un an , due à un anévrisme , Barthélémy se sentait "veuf" En effet , depuis la mort de son père , Toinette avait exigé de lui qu'il dormi dans sa chambre . Dès lors, le jeune homme n'avait quasiment jamais eu de vie intime, se sentant obligé de croiser les bras pour dormir ou souvent de se boucher les oreilles pour ne pas l' entendre ronfler .

Hitler avait annoncé la domination de la race Aryenne , il ne savait pas ce qu'était une race Aryenne , mais il était d'accord , il était sûr qu'il en faisait partie.
Ce dimanche comme tous les autres , il s'était préparé pour aller à la messe . Il avait mis son pantalon en Tergal bleu avec des ourlets aux pieds , sa chemise blanche et sa veste bleue vestige des vêtements militaires de son père . Il prenait l'hostie , se confessait de temps en temps de ses péchés puis quittait le lieu saint en se signant .
Comme tous les Dimanche midi , en sortant de l'église , il passa au village boire une suze. Ce jour là , il surprit une conversation entre deux hommes d'une quarantaine d'années , il tendit l'oreille et écouta le chuchotement des voix .
_ J'héberge un couple de juifs et leurs trois enfants tu comprends Marcel .L'homme qui parlait avait environ 37 ans , un gars robuste , assis à une table .Un béret vert sur la tête
cachait sa chevelure brune , un nez bien droit et des yeux gris trônaient sur un visage fin . Lorsqu'il parlait , ses lèvres semblaient à peine s'ouvrir . L'autre , plus jeune , le cheveux ras
et gras , en tenue de chasse , tendait l'oreille en se penchant le plus possible sur la chaise qui ne tenait plus que sur deux pieds .
_ Tu es fou , répondit - il avec un fort accent marseillais , tu risques gros , si les boches te chopent ,c'est la fusillade .
_ Je sais mon vieux, reprit - il , mais je vais essayer de les faire passer par le maquis .

Le maquis était fait de montagnes, de collines et de forêts qui enrobaient le village du Castellet . C'était une "jungle" pour qui ne le connaissait pas . C'était là que se cachaient les "maquisards , soldats de l'ombre " persuadés que les lieux bien hostiles les protégeraient de l'ennemi.

_ Tu penses qu'ils vont prendre ses pauvres gens avec le pain sur la planche qu'ils ont ? Questionna l'homme en treillis
_ Je ne sais pas , mais je ne peux les laisser comme ça ! Finit il par dire .
Les deux amis finirent leur verre, réglèrent l'addition et disparurent dans la première rue à gauche .
Barthélémy avait enregistré la totalité de la conversation . Le tout était dans sa tête, car il avait une étonnante mémoire des mots . De plus il connaissait les individus pour avoir enterré le père du chasseur , il savait où il habitait , il suffisait de les suivre discrètement et il parviendrait à savoir où étaient cachés les réfugiés .

La route fut longue et semée de cailloux, mais il savait à présent où les trouver . Il ne lui restait plus qu'à aller les dénoncer à la milice et il pourrait continuer à être "bien vu " et à recevoir des aides de la part des Allemands .Il pourrait manger un peu mieux , s'asseoir à la table des soldats , être comme un Allemand . Il avait déjà vendu une bonne dizaine de juifs et de résistants comme on fait commerce, sans que personne ne se doute de ses méfaits. Alors une famille de plus n'était que bénéfices pour lui ... .
Cependant , il avait décidé d'aller voir par lui même ses futures victimes . C'était pour lui une infinie jouissance , comme quand il refermait les boites .S'étant approché suffisamment près de la villa , il fit le tour d' un grand pin au tronc épais et au feuillage charnu pour arriver juste sous les persiennes d'une pièce qui devait être une chambre .
Un "prélude " de Mozart était en train de résonner doucement sur un piano . Forçant son regard a traverser le petit espace qui permettait au jour de flirter avec l'obscurité ambiante , il parvint à apercevoir deux mains de femme sur un clavier . Il avait beau tout essayer , il ne distinguait pas le visage .La mélodie le prenait aux tripes . " Que c'est beau " pensa-t-il , "c'est comme sur ma radio " La musique l'enveloppait , il arrivait à peine à respirer. Il fallait qu'il sache qui jouait si bien , mais comment faire ? Il n'avait qu'une solution , la sienne , celle qu'il employait souvent , alerter la Kommandantur et leur dire qu'il avait trouvé des juifs . Il savait que le commandant était un amoureux de la grande musique comme lui .D'ailleurs , il parlait souvent de Mozart , de Beethoven , et autres musiciens ensemble , le commandant l'avait "à la bonne "pensait il . Ils écouteraient tous deux la pianiste , puis peut être boiraient-il un verre de champagne pour avoir réussit un tel coup de maître !

C'est donc d'un pas décidé que Barthélémy reparti vers Toulon , d'abord il fit chemin inverse à pieds en prenant garde de n'être pas remarqué , puis il sorti son vélo d'un réduit caché derrière sa maisonnette et se mit en route pour Toulon ." De toute façon , ce sont des juifs , alors si elle joue bien du piano peut être que le commandant lui permettra de s'en tirer pour
"un peu de temps". Bartélhémy n'avait que ces quelques réflexions à se proposer .
Il fallait faire vite , il avait un client pour mardi , il lui restait a terminer une bière . Monsieur Grimber était mort d'un arrêt cardiaque , son fils avait été tué il y a six mois lors d'une rafle .Le pauvre homme n'avait pas tenu le coup bien longtemps. C'était un client comme un autre
.
Arrivé à la Kommandantur de Toulon , il demanda à voir le commandant von Herbert .Un jeune soldat casqué lui demanda la raison de sa visite .
_ Le commandant est un ami , dites lui que c'est Barthélémy qui a une information pour lui lança-t-il d'un air arrogant
_Le commandant n'a pas d'amis , répondit le soldat dans un langage Franco Allemand assez saccadé le fusil pointé dans le cou de Barthélémy , cependant , je consens à lui annoncer votre visite . Asseyez vous là et patientez .
Ayant terminé sa phrase , le soldat fit demi tour et parti vers le fond d'une grande pièce peu ajourée où se trouvait une grande porte aux poignées dorées . Avant de taper , il discuta quelques instant avec un ami , et après avoir ri , il toqua à la porte .
Environ cinq minutes plus tard le soldat revint et lui dit en souriant d'un air entendu
_ vous pouvez entrer
Il faisait assez souvent ce chemin pour qu'on est un peu plus de considération pour lui , pensa-t-il .
_ Her commandant , je viens vous informer qu'une famille de juifs vient d'être hébergée par un individu nommé Labrousse Jean . Il habite près du village du Castellet , et parmi la famille de juifs , continua il l'oeil malicieux , il y a une très grande pianiste à mon humble avis Her commandant ....
_ Une pianiste juive ? Interrompit le commandant en ôtant sa casquette qui laissait entrevoir un crâne rasé et légèrement dégarni . La cinquantaine tapante , le commandant von Herbert était un fort bel homme . De grands yeux bleus au dessus d'une épaisse moustache poivre et sel , un habit d'officier tiré à quatre épingles , assez grand et le ventre un peu tendu par les verres de schnaps .Le regard soudainement brillant il poursuivit
_ Où son donc ses braves gens Monsieur Barthélémy ?
_ Tout en bas du village Her commandant .C'est la dernière maison qui se trouve en bas du chemin de la rivière .
_ Nous allons donc nous y rendre de suite cher "ami" .Il appela un soldat qui se tenait tout près de son bureau , puis lança:
_ Chemin de la Rivière au Castellet , une famille juive est hébergée chez un certain monsieur ... Comment déjà avez vous dit mon cher français ... ?
_ Labrousse , Her commandant , fit Barthélémy l'œil hagard , labrousse...
_ oui poursuivit le commandant , chez un monsieur Labrousse , schnell Et deux soldats sortirent empressés l'arme au point . Ainsi mon cher monsieur , continua-t-il ses yeux bleus fixés dans ceux de Barthélémy qui tremblait d'excitation , nous avons d'après vous une "fameuse" pianiste juive ! Pensez vous qu'elle égale un Mozart ,conclut - il en riant .
_ Non Her commandant , certainement pas , mais quelle musicalité pourtant . Je vous assure que vous ne serez pas déçu , ma parole d'homme.
_ Parole d'un Français qui vend des juifs ! lança le commandant l'air visiblement amusé . La remarque sembla glisser sur les épaules du jeune homme
crisroche
Envoyé le :  1/5/2009 20:09
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: Résistance
Envois: 13522
Re: L'enfant de la honte (page 3 sur 120)


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