Prière d'un jeune abbé

Avant dire
L'abbé est agenouillé sous le grand crucifix de son église.

Pardonnez-moi Mon Père
Quand votre fils est là
A souffrir dans sa chair
De vous parler de moi

I


Lorsque le vent du nord
Joue sur le presbytère
A réveiller les morts
Du proche cimetière,

Quand sur le plat pays,
Qu'on rase en fin d'été
Pour emplir les greniers,
Dansent chats et souris

Et que l'hiver installe
Sur les madones pâles
Qui fréquentent ma messe
Son infinie tristesse,

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher,
De me laisser tenter
Par d'autres ministères !

II

Ma vie est un calvaire
Rien ne vient l'égayer
Les livres sont austères
Et le vin roturier.

Quand ayant accompli
Pour votre phalanstère
Les rites séculaires
A vêpres et complies,

Lorsque le vent du nord
De ses canines mord
Le membre des beffrois
Que faire, dites-moi ?

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher
De me laisser tenter
Par les feux de l'enfer !



III


Quand vous ayant prié
Interminablement
Près des sombres piliers
De vos temples romans,

Qu'ayant lu mon bréviaire
Mot à mot, lentement,
Que faire de ce temps
Que vous m'avez donné ?

Rompre quelques tabous…
Mais dans la compassion !
D'abord le goupillon
Et la messe surtout !

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher
De me laisser tenter
Par l'attrait de la chair !


IV

La chair est triste hélas,
A chanté le poète…
Mais rien d'elle ne lasse
Qui fait tourner nos têtes

Car vous avez créé
Et divulgué l'amour
L'amour et ses atours
Et ses rares bontés

Et ce qui vient de vous,
Seigneur, est juste et bon.
Ce serait un affront
De n'y voir qu'un ragoût.

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher
De trop bien consommer
Vos attrayants desserts !


V

Mes belles paroissiennes
Que la province ennuie
Ont des chants de sirènes
Et de beaux appétits.

Elles sont à la messe
Que si je les en prie
Et ne vont à confesse
et ne prient qu'en mon lit.

Leurs bourgeois de maris
N'ouvrent leurs portefeuilles
Que si je les effeuille
Bien sûr par devers lui.

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher
Mais votre presbythère
Doit être rénové.


VI

L'amour que vous créâtes
Avec tant d'harmonie
Et que vous nous donnâtes
Comme pomme de vie

J'y succombe parfois
Et j'en suis tourmenté
Seigneur vous le savez
Aussi pardonnez moi

Car oui, je me dévoue !
Oui, je me crucifie…
Mais par amour de vous
Et de vos Å“uvres pies

Pardonnez-moi mon père
De trop souvent pécher
De me laisser tenter
Par l'émouvante chair


Après dire

Pardonnez-moi mon père
De vous parler de moi
Quand votre fils est là
Mutilé dans sa chair

Cloué à cette croix
Qu'il pleure pour la terre
Qui a perdu la foi
Et qu'il saigne sur moi

Et que le vent du nord
Convie à ses concerts
Les anges de la mort
Sur mon bas presbytère

Serge m romans

Un peu long mais très joliment écrit ....

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Les amis sont comme les anges qui nous soulèvent lorsque nos ailes ne savent plus comment voler

Un véritable régal que cette prière !!!!

bravo, merci et amen !

gros bisous 8-) :-x 8-)

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Trois Avé deux Pater !! j'adore ce poème ! bravo

Bises

Mary

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Amitiés Mary

La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit (Oscar Wilde)
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la vache c'est long à lire ! mais c'est normal, les curés ont toujours des prières qui n'en finissent pas, allez, au nom du père, du fils, et du sain d'esprit ! tu nous fais quoi après ? le PQ ? (sourire). mille bisous. isabelle (et c'est pour rire hein ! )

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