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     Ma première nuit
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Expéditeur Conversation
anouk
Envoyé le :  18/1/2009 18:11
Plume de soie
Inscrit le: 22/2/2008
De: près des étoiles
Envois: 99
Ma première nuit
Une petite ville de province le 3 juin à 21heures
La nuit commence à conquérir le jour ...

Une bien rude journée que ce déménagement, nous sommes rompus de fatigue, mais dans un sublime état de plaisir que de contempler nos quelques meubles mis en place.
Eric m'enlace, tout en esquivant poliment un baillement par un doux baiser juste derrière l'oreille gauche. Je frémis de plaisir.
-Chérie , notre première maison ! c'est génial !
Certes, c'était génial, mais combien fatigant....
Pendant cinq années de vie commune, nous l'avions rêvée : quatre pièces en enfilade, un bout de jardin -pour les enfants à venir- au milieu un gros sapin pour abriter les oiseaux du monde.
Nous allions passer la première nuit "chez nous" dans "notre" chambre ! Oh certes, c'était loin d'être Versailles ! Des peintures encore de couleurs incertaines, un matelas posé à même le sol, un drap, une couette organisaient le thème .
Afin que cette pièce nous ressemble un peu j'ai accroché, à l'unique clou existant, un vieux tableau peint par mon père qu'il nommait pour mieux le faire comprendre : l'immensité de la mer...
Seul luxe, afjn de préserver notre intimité, une paire de rideaux sont montés provisoirment sur l'unique fenêtre.
Tel est "notre nid d'amour"
Comme il fait chaud, que je n'ai déballé aucun carton, nous prenons l'option de nous coucher nus ou plutôt"je" prends l'option, car ces nippes m'ennuient.
Quel délice que de s'imbriquer corps à corps, de sentir la voluptueuse chaleur du désir de l'autre... Ah ! se blottir entre ses bras, attendre fébrilement ses calins.
Mais... en moins de cinq minutes, nous tombons simultanément dans les bras de Morphée ...
Combient de temps nos souffles calmes et rythmés se sont-ils croisés ? Je ne saurais le dire, car brusquement en un cri déchirant une sirène se met à hurler... provoquant chez moi, une peur panique qui me pousse à quitter subrepticement le lit chaud et douillet, sans un regard vers mon compagnon paisiblement endormi, à ouvrir compulsivement la fenêtre, me laisser happer par le halo de lumière blanche qui jaillit de celle-ci, la franchir d'un trait, d'emprunter un chemin sinueux que je ne reconnais pas.
Je fuis nue, dans l'éblouissant lumière, cette stridente sirène..
Mon coeur bat à se rompre. Je cours à m'en couper le souffle. Le décor défile à une vitesse folle. Des bruits de voix persifleuses me parviennent. Je ressens un grave danger imminent... Juste un subreptice regard par dessus mon épaule dans le souhait d'apercevoir Eric... Mon Dieu ! Pourvu que ...!
Ma panique l'emporte sur le sentiment d'inquiétude que je repousse.
Le chemin cahoteux que je foule, laisse sous mes pieds des croutes successives de glaise, qui ralentissent ma fuite en collant au sol.
A l'horizon, une forêt d'un vert profond se dessine...
Et toujours ce bruit infernal ! Répété ! Pitié il faut que cela cesse !
Tout mon corps maintenant se fait lourd, comme retenu par un gros élastique imaginaire. Le sol se dérobe sous ma course folle. Les épines du froid me piquent le corps. Mes temps battent la chamade : morceau de percutions, joué par un musicien sadique et pervers. Assez ! Je n'en peux plus !
Et là, à portée de main, la voute sombre des arbres....
Il me faut l'atteindre, me fondre, me confondre avec la nature, me protéger de cet étrange danger qui me poursuit. Je fuis. Je fuis... dans l'espoir du calme et de la paix.
Sur cette lugubre route le temps ne s'écoule pas. Je m'use à vouloir contourner les obstacles qui sempiternellement et inéluctablement me reviennent. Mes efforts se traduisent par un ralenti évident. L'ennemi se rapproche ! Dans un sursaut d'effoi, je me surprends à crier :
- Au secours Eric !
Seule l'odeur, entêtante des pins qui me titille les narines, me répond...
J'y suis ou presque... mes yeux percent l'orée humide et chaude du bois.
Miracle !... Enfin la sirène se tait !
Reprenant mon souffle, je pénètre dans le saint des saints, non sans un dernier regard vers ce chemin de souffrance ... Personne... Désespérément personne ! Dans la préoccupation de mon compagnon, je prends conscience de ma nudité, de ma solitude, de ma fragilité...
Epuisée, je relativise et je goûte pleinement la fraicheur de ce repos tant mérité. Dans les bras de mère nature je suis à l'abri de tout et de tous.
Les oiseaux me coiffent de leurs chants. La brise m'habille de ses effluves. Les angoisses désertent ma gorge. Je m'allonge bienheureuse sur une couche de mousse épaisse et douce d'où j'observe les dessins du ciel. Le soleil au-travers les arbres me caresse parcimonieusement le corps. Je comprends alors que, tel un patchwok, le bonheur est fait de toutes ces petites chose. J'apprécie...
me pose... dans un silence empli de milles infimes bruits paradisiaques.. Le bonheur !...
Quand soudain ! plus agressive que jamais, de nouveau la cruelle sirène retentit !
Venues de ne je sais où, des voix grossissantes, m'envahissent, m'interpellent dans un écho de plus en plus proche... Je fuis... Je fuis encore, mais, maintenant dans un corps douloureux. La machine arrêtée a du mal à se remettre en route.
Cependant à travers, buissons, ronces, retenue par je ne sais quel démon griffu... Je fuis... pour échapper au danger qui me colle.
Et toujours cette spirale de voix, de plus en plus offensives, de plus en plus cyniques. Je perçois, maintenant leurs souffles là, derrière ma nuque, palpables, l'odeur de leur transpiration qui m'est, mystérieusement familière.
Et cette maudite sirène qui hurle ! Hurle à m'en crever les tympans !
-Au secours ! A l'aide !
La machine s'enraye, se casse. Je suffoque. mes oreilles bourdonnent. Mes yeux se voilent. Mes jambes plient sous le poids de mon corps. Je tombe !...
C'est alors, que traiteusement mes bourreaux, ombre noires sur fond de lumière, m'encerclent, s'emparent de moi, me retiennent fermement de leurs bras. Je me débats. J'ai mal. Je hurle de douleur. Je suis précipitée dans un abime sans fond. Mon cri ne peux plus sortir. Leurs rires gras et sarcastique me broient. Leurs chants de mort me brulent la poitrine. Cette fois c'est la fin ! Je suis perdue !
Je hoquette. J'étouffe. J' éprouve une souffrance indicible !
Dans ce labyrinthe, maintenant, j'entrevois la mort. Ma dernière pensée, mes derniers mots, qui se perdent dans la résonance de leur brouhaha, sont pour mon compagnon :
- Eric ! Eric je t'aime !
- Je sais... Moi aussi... Calme toi... Je suis là !... Regarde ! Qui nous fait une bonne surprise ?...
En sueur, agrippée au cou d'Eric, - qui désespérément essaie de couvrir ma nudité-, j'ouvre des yeux apeurés de martien descendu d'une autre planète.
La fenêtre de la chambre est grande ouverte. Le soleil y entre à flot. Le sapin du jardin couvert de rosée embaume. Dehors les oiseaux chantent. Et là... Autour du lit, avec des bouteilles plein les mains, des rires et des chansons plein la bouche, en super forme de "déconne" :
notre bande de copains préférés, viennent pour nous réveiller ! Génial ! Non ?
- Bienvenue dans votre nouvelle maison !!! Et bien dites donc, c'est pas une sonnette qui vous réveille !!! Ca fait bien une demi-heure que l'on tente de rentrer !
Et c'est à ce moment précis, que je fus pris d'un fou-rire nerveux inexplicable, qui laissa, pour longtemps, perplexes Eric et les copains.

Une petite ville de province le 4 juin à 8h30 du matin

Anouk




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tatsy
Envoyé le :  18/1/2009 23:04
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Ma première nuit
Sympa les potes!
Merci pour cette nouvelle qui m'aura tenu en haleine jusque dans les dernières secondes!

Katel


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tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Domie
Envoyé le :  19/1/2009 11:03
Plume d'or
Inscrit le: 8/12/2005
De: Dans le bleu de l'azur
Envois: 1344
Re: Ma première nuit
Quel vilain cauchemar !


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Honore
Envoyé le :  19/1/2009 16:31
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Ma première nuit
J'ai failli y croire mais c'était trop dantesque pour que je ne comprenne pas avant cette fin pleine de joie et d'allégresse.
HONORE
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