EN PLEIN DELIT DE MORT…
Puisque le ciel t’a surpris en plein délit de mort…
J’irai demain sur tes chemins ; ceux que tu m’as contés, jadis.
Il s’est passé un temps, qui fait le vide tout autant. Savais –tu, hier, un jour, être seul ?
J’irai demain…
J’irai retrouver tes longs hivers, prés de la cheminée, là où la solitude s’assoit ; je sais combien elle peut être silencieuse, mais, au fond, c’est fou ce qu’on l’entend craquer, comme la bûche rompue qui fait de la cendre. Alors, saurais-je tout comprendre ? Tu as su combien c’est terrible d’attendre !
J’irai demain sur ces chemins, parcourir les rayons ensoleillés, quelque part dans ta jeunesse…Ta jeunesse revivra ses courses éperdues ; jeunesse au bras de toutes les saisons ; elle n’a plus ni maison, ni chanson…Reste sûrement les grandes plaines abreuvées du sang des guerres, où les chemins se perdent, tout là -bas, au nord.
J’entendrai tes sanglots de gosse blessé, pleurant ton père tombé sous la mitraille. Nous cueillerons pour lui des gerbes de coquelicots, piquées de bleuets…
J’irai écouter l’alouette dans la campagne en fête. Pour toi, je parlerai au rivage qui t’a vu naître, je sauterai dans les vagues qui forment un horizon. Au loin, si loin !
Demain, j’irai sur tes chemins planter ta croix. Et j’y coucherai ton souvenir pour ne jamais oublier. Entre mes doigts, j’écraserai un épi de blé dont je te bénirai…
Puisque le Ciel t’a repris.
Et je te dirai merci pour ce petit bout de route qu’ensemble nous avons fait.
Pierre WATTEBLED- le17 novembre 2008
En souvenir de l'oncle Claude, décédé hier.
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