Voici pourquoi je suis ainsi...
Cela fait depuis l’âge de 16 ans que je suis dépressif. Avec des rémissions, des chutes, des crises. Bien sur, vous vous en doutez, auparavant ce n’était pas rose non plus, pour que j’en arrive à ce stade.
Je n’ai pas eu la chance d’avoir des parents, surtout un père compréhensif. J’ai très tôt connu la signification du terme « correction ! »
Mon père avait le don de savoir me complimenter, de trouver toujours le mot juste pour me motiver, pour m’encourager. Ainsi et selon la circonstance, je me faisais nommé « grosse trouille » ! « Grande vessie » ! « Je te dresserais comme une bête de cirque » !
J’aurais pu me tourner vers la scolarité, sympathiser avec mes camarades, tisser des liens amicaux pour oublier ce que je vivais chez mes « concepteurs ». Mais quand on à le diable en tête, ce n’est pas évident de s’adresser avec le sourire aux lèvres aux autres élèves, d’avoir le compliment quand on a reçu une « sacrée dérouillée » ! Et dès lors je devins très vite le sujet des moqueries et des humiliations qui ne cessèrent nullement durant toute ma scolarité.
Bien que précocement, eu-je des phantasmes à connotations homosexuelles, je ne comprenais pourtant pas pourquoi je me masturbais en pensant à la nudité des écoliers mâles que je considérais comme beaux. Je ne comprenais pas cette étrangeté et au fur et à mesure de l’évolution de mes masturbations , j’éprouvais de plus en plus de dégout et de honte, à mon égard. Malgré cette incompréhension je poursuivais mon intimité afin d’ éprouver un peu de joie dans mon quotidien. Je ne savais pas qu’ainsi je m’enfermais d’avantage dans l’homosexualité. J’eu prématurément des « manières » ci qui suscita des lazziis dans le collège où je poursuivais mes études. On savait me baptiser : « tata ! », « tapette !», « tarlouse !», « sale pédale ! », ce qui augmentais sérieusement la liste des noms d’oiseaux desquels mon vaste entourage aimait m’affubler. Je n’avais plus que le choix de m’enfermer dans ma tête, et m’inventer des rêves malheureusement irréalisables !
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Arrivant à l’âge de l’adolescence, j’osais voler dans les magasins. Ceci dura six mois ou un an. Je ne sais plus. Le jour de mon « interpellation » par le responsable du magasin, lorsque je fus confondu, c’était un jeudi. Et comme tous les jeudis, ma mère, venait me chercher après mon repas prit au self de mon établissement, pour passer un peu de temps avec moi.
Je fus déplorable, et, peut-être, souhaitant être saisis la main dans le sac, je bourrais mon blouson avec plusieurs larcins et rejoignis la caisse à laquelle ma mère réceptionnait et réglait les commissions pour la semaine.
Le vigil arriva prés de moi, ordonna à ma mère de m’obliger à ouvrir mon blouson. Je pissais de peur. Qu’allais-je devenir ? Je me voyais comme mon cousin, obligé de quitter ma famille, d’en être banni et de devoir vivre comme je ne souhaitais pas vivre.
A l’inverse, je m’en sorti avec une ridicule rédaction à faire sur ma performance, alors qu’il aurait peut-être fallut me présenté à un juge pour enfant afin de me faire cadrer par un éducateur. Pourquoi pas ?
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Arrivé en fin de troisième, je devais passer mon brevet des collèges et penser à quelle seconde je souhaitais me préparer . J’obtins mon diplôme et décidais de suivre une seconde indifférenciée ne sachant quelles options complémentaires choisir.
Toutes ces difficultés, tous ces déplorables dérapages ne furent pas sans conséquence.
Les humiliations quotidiennes de mon père, les moqueries continuelles des élèves de ma classe, les vols, et bien d’autres faits aussi pitoyables les uns, que les autres, eurent raison de mes forces.
Le premier mois des grandes vacances, j’avalais trois boites d’anafranil.
Ma deuxième semaine au lycée, je récidivais, cette fois-ci avec du tofranil.
Ne pouvant plus rien faire pour moi, ma psychiatre de l’époque convoqua mes parents et tous trois furent d’accord, pour m’interner dans un centre médico-psychologique, m’aliénant à vie aux pulsions suicidaires…
Ultime Solitude, Le samedi 5 avril 2008.
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"sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloges flatteurs".