De ton amour terrestre
Je suis le serpent de ton amour terrestre,
J’ai tué ta part divine
Pour que tu accomplisses le sens de ta vie,
Pour qu’enfin tout te soit révélé : vérité et réalité.
J’ai fait mûrir tes désirs, tes tentations sous mon soleil noir
Et à l’heure de la récolte
Les vendanges de nos cœurs ont pressé les raisins
Suspendus à tes oreilles, décharnés sur tes lèvres,
Jusqu’à ce que le jus devienne ivresse,
Ivresse de nos sens.
Ton âme n’a plus d’ailes,
Pour l’éternité nous serons enracinés à la terre,
A tout jamais élément de la nature,
Particules d’air,
Frères des océans, des mers et des forêts.
Ton âme n’est plus, comme la mienne elle est morte,
Sous nos baisers trop pourpres,
Les voilà inhumées quelque part sous le ciel de nos paupières
Qui se recueillent aux instants du sommeil.
Mais qu’avons-nous à faire, nous, de ces inconnues,
Nous, Ă fleur de peau, Ă fleur de vie ?
Je t’aime, mon venin n’est que serment, promesse, déclaration,
Sa toxicité est celle-là même qui m’a offert l’éveil,
Ma deuxième naissance,
La lumière en a fini d’être céleste pour être diurne, nocturne,
Rythme du temps qui passe près de toi,
Mes yeux ont changé de couleur, mes mains d’étreintes et mes sourires d’intonation,
Plus jamais nos horizons ne connaîtront ni aubes ni aurores ni crépuscules
Puisque le présent c’est nous.
Je suis le serpent de ton amour terrestre,
J’ai mué,
En moi il existe quelque chose de plus grand que Dieu :
Le souvenir de ton visage qui sourit, qui dort, qui pleure…
Sur chacune de mes écailles se reflète un doux moment
Que je sème au gré du vent
Pour que sur ce monde de violence apparaissent quelques arbres Ă bonheur.
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