J’avais 16 ans dans Berlin dévastée
Pourtant très fier d’être un Volksturm enfant,
Donner ma vie au Fuhrer vénéré,
Défendre ma patrie, donner mon sang,
La tête pleine de mon importance,
Sûr de ma race et certain de mon chef,
J’allais mourir enfin plein d’arrogance,
Ecoutant les ordres cinglants et brefs

J’allais dans la rue qui n’en était plus,
Cherchant les soviets, Ennemis barbares,
Ces laids Untermenchen. Je l’avais lu
Dans mein kempf, ce grand livre revanchard.
Alors au tournant, en sang, je le vis,
Petite tête à moitié écrasée.
Hier il devait rire encore ravi
De voir devant lui ces jeunes années.

Les mouches déjà dévoraient sa bouche
Et ses yeux ouverts chantaient à la mort.
Et ce fut comme une glaciale douche.
Je compris d’un coup comme j’avais tort.
Je compris que je n’étais pas Arien.
Que rien ne se construisait sur la haine.
Nazi, je croyais arracher mes liens
Mais on m’avait forgé d’horribles chaînes.

Dans l’odeur âcre de la fumée noire,
Au milieu de ces trous d’obus profonds,
De tous ces morceaux de chair sans histoire,
De ces maisons déchirées, sans plafond,
Là, l’hitlers jung que j’étais s’effondra.
Des larmes rouges coulaient sur ma joue.
Je me blottis au fond d’un trou à rat.
Je vis ma peur dans le froid et la boue.

Je rêvais d’une vie calme et sereine,
Faite de tolérance et d’amitié
Où jamais le feu du ciel se déchaîne,
Où personne ne serait humilié.
J’ai cassé ma crosse de mitraillette.
Plus jamais croire à ces histoires là.
Les salauds s’étaient trop payer ma tête.
Mais tout à coup une balle siffla.

Merci pour ce texte très fort qui en ce jour de commémoration vient nous rappeler que l'histoire est le plus souvent construite sur des mensonges que l'on entoure du clinquant de la gloire.
HONORE

AVERTISSEMENT : Je me doûte que cet écrit peut choquer certains d'entre vous mais en ce jour anniversaire de la fin de la plus grande tragédie du XX° siècle, j'ai voulu parler des désastres que les idéologies de la haine peuvent entraîner, même parmi ceux qui s'y sont laissés prendre. J'ai toujours été stupéfier de constater qu'un peuple, dépositaire d'une culture faite d'intelligence, de sensibilité, d'un certain génie pour la science, ait pu par les méandres de l'histoire, devenir le peuple qui a commis les plus horribles atrocités qu'il soit possible d'imaginer.
Comment tout une jeunesse a pu être formater pour glorifier les assassins, les aduler, croire en leur projet démentiel.
Cet écrit n'est absolument pas une exhaltation du racisme, il rappelle que ce qui s'est passer en d'autres temps et en d'autres lieux peut revenir un jour. N'avons nous pas nous même, dans notre pays, le pays des droits de l'homme, des supporters de ce genre d'idéologie ?

superbe, j'ai vécu un peu la même chose bien des années plus tard, lorsque j'étais enfant durant la guerre en Algérie, merci de ce si beau texte

Un texte qui me fait frissonner... Bravo pour le rappel de cette tragédie.

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tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Au passage, il serait bon de chercher surtout comment un homme ordinaire sur le plan intellectuel, social et même politique a pu occuper une telle place ! Les circonstances économiques ne sont pas l'unique raison, la complicité des industriels et des politiques de l'époque non plus. Alors quoi ? Juste la haine des Juifs ? Juste le rang à retrouver pour une Allemagne en perdition ?
Aujourd'hui serait-ce la même chose ?
La réponse qui se profile évite de se croire au-dessus, en dehors de cette période.

un beau texte en ce jour de commémoration

Tu as raison d'écrire ce que te dicte ton coeur en ce huit mai...
Merci pour le partage de tes mots...
Sophie.

Rien de mieux que des mensonges pour envoyer des jeunes gens tuer d'autres jeunes gens pour la plus grande "gloire" et le maintien de la puissance et de la richesse de ceux qui profèrent ces mensonges.
Tous les dictateurs ont agi et agissent ainsi et sans avoir à regarder bien loin en arrière on peut voir que l'invasion de l'Irak a reposé sur un mensonge flagrant !!!!!!!!!!!!!!

amicalement.

Alain

C'est vrai que le contexte n'explique pas tout. Ni même la dangereuse stratégie de la droite démocratique allemande qui a cru pouvoir instrumentaliser le parti nazi à son profit, ni même la division haineuse des partis de gauche allemands de l'époque. c'est pour quoi, cela m'effraie et je me demande souvent dans quel camps j'eusse été si j'avais été un jeune Allemand à cette période ?

Verarl,

Très touchée par votre texte...

Vous avez raison, il faut se poser encore, et encore, et encore LA QUESTION: POURQUOI??????

Depuis l'enfance, cela me hante, me tourmente, depuis que j'ai senti, compris, vers 10 ans, en lisant ANNE FRANCK, que le pays de mon autre enfance, celui de Lorelei, de Grimm, était aussi celui des charniers, de l'indicible!! Jamais plus, depuis, parlé allemand avec ma maman!! Mais suis prof d'allemand, et engagée dans la construction europénne, et doctorante en poésie de la Shoah, et je cherche, toujours, à expliquer...

En ce moent, bcp d'ouvrages paraissent sur un double sujet: il faut à la fois avoir conscience du fait que "les allemand AUSSI ont souffert"-maman m'a transmis la peur des avions, des bombes, à 4 ans, elle est presque morte de faim..-, et que OUI, TOUs savaient!!! Il faut à la fois faire mémoire des souffrances de ce peuple à aussi, et expliqer comment TOU un peuple, hormis la frange résistante, a pu commettre, se commettre, se compromettre...

C''est si facile, de se trouver des boucs émisaires...Et puis, la question juive est bien antérieure à Hitler, il y a eu, de ts temps, ghettos et pogroms...COmme je l'ai écrit récemment à Inri, l'horreur de la shoah est qu'elle a été instrumentalisée et pensée, ce qui la rend UNIQUE et ABSOLUE...

Brecht a écrit des vers magnifques dans "Allemagne, mère blafarde":
"Allemagne, mère blafarde,
Comme tu es souillée parmi les peuples...3

il y explique que de ce pays on doit garder les compositeurs, Bach, Goethe, les philosophes et les poètes, et les forêts et les fleuves, et Heine et Hölderlin, et tant d'autres, mais qu'il faut expulser, chasser la haine, les hurlements, les violences...

Shalom, pardon, Afra, Tayri, reconstruisons!!

Lili Marleen

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J'ai le souvenir d'un superbe petit livre de Oidon von horvart, qui je crois , s'appelait Un fils de notre temps (Ein Kind unserer Zeit) où il raconte l'histoire d'un jeune Allemand, favorable à Hitler, qui prend conscience de la réalité à travers un amour pour une jeune Juive.

L'endoctrinement de la jeunesse c'est ce que je retiens de cette lecture. Un très beau texte en ce jour de commémoration, c'est sûr que cette idéologie perdure même en France où certains stades de football concentrent ce genre d'individus et ce partout en Europe. J'aime beaucoup cette façon de relater les faits quand la personne qui a subi cet endoctrinnement se rend compte de son erreur, se mettre à la place de celui qui le vit est un geste plein d'humanité. Je découvre avec plaisir tes textes plein de sens, un grand plaisir à te lire.

PS: je voulais rajouter que cet écrit n'est pas dérangeant dans la mesure où il n'y a aucun parti pris, juste une vision d'un monde qui a existé et que d'autres pourraient reproduire. Je pense qu'on peut parler de tout de cette manière, c'est la liberté d'expression, car tu ne juges personne.

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FORUM CITATIONS:
Je remercie Roky qui a créé cette vidéo où défilent les citations des gagnants mises en page.
http://img532.imageshack.us/my.php?image=nouveaumuvee001ti2.flv

Je te dis bravo car tu as su traiter de ce sujet avec intelligence et respect, et c'est vrai que l'on peut se demander comment une jeunesse intelligente a pu croire à un tel projet, malheureusement le peuple allemand a payé le prix fort comme tous les pays engagés dans cette guerre. Mais quelle est vraiment la raison qui poussent encore tant de jeunes à prendre Hitler comme référence en faisant le salut nazi. Leurs est il celui qui représente le plus la haine raciale pour justifier leurs actes je pense que pour nous c'est un appel à la vigilence car hier peut devenir demain.

La guerre ne devrait pas exister, et les fanatiques qui disent tout savoir pour embellir notre histoire, feraient rien de révisiter la bible et l'ancien testament...Tu ne tueras point !

Mon Dieu combien de vies détruites de part et d'autres !!

Un texte plein d'émotion et de réflexion !

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Mon voeu cette année procurer du bonheur dans mes textes ou histoires.

un grand merci ! amitiés jess

et merci,j'ai adoré cet écrit,vraiment,sans penser que l'auteur soit ou pas un arien repenti,c'est écrit magistralement bien,la fin n'en est pas moins magnifique!!
Je peux dire que ton écrit m'a bouleversé et n'a pas provoqué de colère ou surprise chez moi,mais,de l'admiration de la façon dont ton poème est mené:encore

vraiment un trés beau texte, tout ce que je pense à déjà été dit dans tous les commentaires précédents, alors je ne peux que te remercier pour ce partage

je reprendrai la phrase de carlita en espérant que l'humanité y pensera souvent et que ces choses ne se reproduiront plus

"c'est un appel à la vigilence car hier peut devenir demain"

mais malheureusement l'homme est un loup pour l'homme
et pourtant il y a toujours un fou qui se prend pour le roi du monde et décide pour n'importe quelle raison de décimer des milliers de personnes

bravo encore à toi

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C'est pas écrit dans les Livres, que le plus important à Vivre, c'est de vivre au jour jour, le Temps c'est de l'Amour Pascal Obispo

Je t'admire pour ce poème magnifique qui reflète malheureusement la réalité...

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"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots" [Alfred de Musset]

Grand merci à vous tous car j'avoue que j'ai longtemps hésité avant de poster cet écrit. Je craignais l'ambiguïté de denoncer une idéologie tout en se glissant dans la peau de quelqu'un qui y a cru.
Je craignais aussi l'emploi de termes qui ne sont pas politiquement correct car se référant directement à cette idéologie de la haine.
Je suis heureux de constater que mes craintes étaient infondées et que tous ceux qui, après avoir lu, ont laissé un commentaire, ont bien compris le fond, et non la forme, de cette histoire.