Jadis, j’étais seigneur courtisé des nuages,
Règnant tel pacha sous la voûte des cieux
Sertie d’étoiles d’or. Ô que j’étais heureux
Ivre de l’air du soir frissonnant de l’alpage !
Vêtu d’un blanc manteau ou les pieds dans la mousse,
Lorsque le vent soufflait au cœur de ma forêt,
Auprès de mes amis, ma vie semblait si douce,
Mon âme s’exaltait quand le coucou chantait.
Le peuple des oiseaux nichait entre mes branches,
Dans le silence froid, leur chant me réchauffait,
L’étoile se posait comme une rose blanche
Et, dans le firmament, la lune me veillait.
Je m’ennuie, à présent, dans un triste jardin,
J’y rêve de ruisseaux, de sommets, de falaises,
Et mon âme languit du cèdre, du mélèze :
Mes amis ne sont plus, me reste mon chagrin.
Je trônerai, bientôt, dans un salon gothique,
Maquillé, décoré, brillant de mille feux ;
Je m’y consumerai à l’heure fatidique
Au milieu de gamins, sous le regard d’un dieu.
Je finirai ma vie un soir de février
Dans l’âtre revêtu d’un blanc manteau de marbre
Où je m’endormirai tout recroquevillé :
Y-a-t-il, quelque part, un paradis des arbres ?
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(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)