L'Algérie malheureuse.
Engloutie dans les fissures tremblantes des nuits qui gémissent en attendant, sans beaucoup de certitude, le retour d’une aurore salvatrice.
Emprisonnée entre les serres de rapaces sanguinaires qui étreignent son souffle et empêchent la renaissance de l’espoir.
Enchâssée dans le vide d’une mémoire endolorie qui se mire dans un miroir dont la face ne reflète plus que l’image rouillée de la désespérance.
Prise en otage dans les abîmes d’une succession de nuits de flammes dont les langues acérées dessèchent les yeux qui ont oublié jusqu’au bonheur de pleurer.
Enivrée par des ondées de malheurs qui déferlent sur la vie de ses enfants abreuvés par l’écume venimeuse des barbares parcourant ses espaces pour en éliminer les résistances.
Emportée par la tourmente des vols lugubres des vautours qui profèrent des menaces de cataclysme et de mort.
Traversée par des cris effrayés qui montent du corps béant de ses jours assombris par les ricanements de malédiction des fossoyeurs de sa mémoire.
Violée au travers des corps purs et immaculés de ses filles dont le regard éteint ne dissipe plus les brumes matinales pour se gorger de son éblouissant soleil.
Assiégée de toutes parts par des hordes carnassières dont les regards noirs martyrisent sa beauté et déterrent ses racines multimillénaires.
Outragée par des meutes de hyènes affamées dont les grognements sinistres gèlent le regard inquiet de la lune qui pleure au chevet des âmes qui expirent.
Vidée de la magie de ses merveilleuses aurores et des fragrances de ses maquis dont l’émeraude se couvre d’une étrange nuance de sang et de désespoir.
L’âme incendiée par la folie furieuse de démons dont la haine de la vie terrasse les horizons crépusculaires annonciateurs de sanglots étouffés et de souffles écrasés par la douleur et la tristesse.
Etranglée par la profusion de barbelés qui enlaidissent le regard des étoiles témoins involontaires et compatissants des nuits transpercées par de haineux conciliabules.
Asphyxiée par des chapelets de mots cueillis dans les épines assassines de ronces poussant dans de lointaines contrées peuplées de destruction et d’intolérance.
Mutilée dans sa conscience par des marchands de slogans de feu dont les mots consument les nuits apeurées par les reflets métalliques et malsains des armes blanches.
Garrottée par l’aiguillon de scorpions nourris par le fiel mortel de démiurges venus des confins de la raison pour instiller l’intolérance dans le cœur de ses enfants.
Désarticulée par des discours aux odeurs de cimetière, elle hurle son malheur et sa peine maternelle au cœur des matins qui vacillent.
Impuissante, elle assiste au déferlement de hordes de faux prophètes dont le regard perfore les aurores bleuissantes et dont les vociférations perturbent le sommeil de ses enfants qui ont bu le feu des armes pour narguer les vaines certitudes.
Revedorient, mai 2007.
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