Au bord de la rivière.
Tard dans la nuit,
Des gens s'amassent
En face de la rivière,
Le ciel sombre et etoilé
Va faire figure de toile,
Un pont quelconque
Va se mettre à brûler.
Les badauds se jettent dans la fête,
Leurs têtes en veulent,
Elles,
Du bruit,
Du feu,
De la fumée,
Et de la musique,
Et les moustiques,
Eux,
Se régalent,
Le monde est généreux à leur égards,
Et la rivière reste seule
Avec ses poissons,
Futures victimes
Des badauds ébahis.
Maudite soit la fête,
Se dit la rivière,
Les vipères antropomorphes
Viennent cracher leurs venins sur elle,
Maudite soit la fête.
Au bord de la rivière,
Les femmes seules
Viennent chercher l'introuvable,
Et sur un coin de sable,
Sont assis,
Ceux qu'elles ne dêsirent point,
Des hommes sentant le foin.
Les petits aussi sont de la fête,
Ils taquinent de pauvres bêtes,
Qui elles auraient tant aimé
Ne pas être de cette fête.
La rivière,
Elle,
Reste seul
Dans cette nuit de fête.
Le jour bientot se lèvera,
Et offrira à la rivière
Son petit lot
De futurs noyés,
Alors à cette seule prévision,
La riviére demeure bien patiente
Et se dit
MAUDITE SOIT LA FÊTE.
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Les poémes à l'eau rouge écarlate.