Quand l'homme affable prend la parole...
« Qui peut donc se targuer d’avoir reçu le don
De savoir déclamer sans paraître dindon ?
Excusez-moi, Dandies, avez-vous la réponse
A la juste question qu’ici je vous annonce ? »
Ainsi parla le loup qui, sortant de son bois,
Mit tout un preux troupeau, sans tarder, aux abois.
Et la faune assemblée en prêtant bien l’oreille
Fit mine d’écouter d’une ouïe sans pareille.
Comment faire concorde avec tout un bétail
Qui se fâche aussitôt pour le moindre détail ?
Hé bien il vous suffit d’avoir une baguette
Pour mener votre monde Ă venir en goguette.
« Je veux parler d’abord ! » ânonne un tendre agneau
Qui brandit, qui plus est, un cartonné panneau.
La Nature est Ă tous, et donc Ă chaque bĂŞte
Qui se peut abreuver sans qu’on trouble sa fête.
Qui se prend donc pour Dieu en empĂŞchant cela
En hurlant, à l’encan, son tyrannique la ?
Je connais un Patou qui prendra ma défense
Si je peux le payer d’une humaine dépense.
Sur un arbre perché se prépare un corbeau
Tout de noir revĂŞtu, ce qui lĂ le rend beau.
« Faut-il à cet instant faire tout un fromage
Pour savoir qui de nous se mérite un hommage ?
Voyez ce camembert que je tiens en mon bec
J’en perdis un pareil, suite à salamalec.
Alors Ă©coutez-moi et fermez votre gueule
Et faites sans faillir la solide bégueule. »
Un patent philosophe en habit d’immortel
Passant nonchalamment devant ce bel autel
Osa donner l’avis d’une vision humaine :
De la faune il en est comme en notre domaine.