Toi que j’interpellai factieux grand garçon,
Peux-tu me répliquer sans candide façon ?
Sais-tu que pour bâtir la plus humble chaumière
Il faut agir sans cesse en peine coutumière ?
As-tu le nez trop long pour paraître élégant
Quand tu te plies en deux, pour relever le gant ?
Tu dis pour me toucher que je suis philosophe,
Et qu’avec grand culot souvent je t’apostrophe.
Toi, jouant sur la scène en montrant ton talent
Tu trouves le public amorphe et bien trop lent !
Sais-tu combien de temps il faut pour trouver gloire
Ou simplement succès avec son répertoire ?
HĂ© bien je te le dis avant expiation :
Il faut croiser celui qui connait son rayon,
Un être passionné qui possède la lettre
Et ne peine jamais quand il lui faut s’y mettre.
Mais sais-tu qu’en ces lieux le public protecteur
Cherche, pour sa gouverne, un fameux objecteur
Qui dise au prétentieux déclamant tout sans verve
Que son faible produit est art qui, las, Ă©nerve ?
Apprends à déclamer d’une voix de stentor,
A tout bien prononcer en suivant un mentor !
Ne coince plus tes mots en serrant trop ta lèvre
Et donne à qui t’écoute un frisson plein de fièvre !
Vas donc et repens-toi sans jamais relâcher
Cette corde servant à tout bien rabâcher.
Au bout de ce chemin sera ta délivrance
Car tu auras souffert, étouffant d’espérance !