De cet instant noyé, amnésie de la terre,
Me revient en mémoire encore un dernier verre,
Celui qui fait du bien, ou du mal, je ne sais…
Si la soif est au cœur de ce que j’ai aimé.
Et que j’aime - oh toujours ! - me laisser mettre à nu
Par ces gouttes de trop qui défeuillent ma vue,
Puisque c’est le mot juste… À lui, enchaînez-moi !
Que je puisse tanguer à côté de mes pas.
Où mon sang se mélange à quelques poésies,
Accouplant la tristesse à la joie d’être en vie;
Qu’importe le regard de l’autre pauvre fou
Qui pense avec les yeux que je bois comme un trou.
Même s’il n’a pas tort et pourtant : sacrilège !
Je suis rempli d’amour et l’amour me protège…
Quand je viens me loger au creux de la beauté
N’ai-je pas, en ce lieu, le devoir d’y rester ?
Au moins pour un instant, noyé dans un liquide,
Comme une encre promise à démasquer le vide,
Laissant aux souvenirs nulle chose à écrire :
Est-il vrai qu’un poème ait besoin de dormir ?
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.