Monophtalme*, il arbore un Å“il gauche en onyx
et s'en montre très fier. Ce cher lampadophore
n'est pas loin de penser qu'il doit être un phénix.Â
Écoutons son histoire en sifflant une amphore : Â
« Je fus, mes bons amis, éborgné par un ptyx
au cours d'un pugilat homérique et sonore
où je vis maintes fois les eaux noires du Styx.Â
Mais comme j'ai vaincu, ce stigmate m'honore. »
À l’œil droit il affiche, en cristal cerclé d'or,
un monocle de prix. Dopé par ce décor,
il voudrait conquérir une adorable nixe.
Mais vraiment mal armé, le brave peine encor.
Pour garder le moral sans recourir au fixe,
il chante chaque soir au sein d'un septuor.Â
*borgne
Ce sonnet est un pastiche du sonnet en X de Mallarmé. J'y ai repris dans l'ordre les mots-rimes de l'original
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.
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V'là aut' chose