Pourquoi voulaient-ils donc faire le Vendée Globe ?
Cette course, avant tout, ils voulaient la gagner,
Faire beaucoup mieux encor, mieux que Phileas Fogg
Qui fit le tour du monde en quatre-vingt journées.
Ils ne prennent le temps de noter sur un blog
Les petits coups de vent, soudaines accalmies,
Ils sont trop occupés à régler le grand foc,
Ou bien à réparer petites avaries.
Et leur navire creuse l’océan comme un soc,
Ils ne veulent rien d’autre que gonfler la grand’ voile,
Et demeurent à la barre, solides comme un roc;
Ils pensent qu’ils sont nés sous une bonne étoile.
Il leur arrive aussi de voguer en plein fog,
Vaincus par le sommeil, laissant bateau aller,
Ils passent à deux doigts d’un dangereux iceberg,
Heureusement, la coque est juste caressée.
Et que la voile flotte comme robe légère !
Le sponsor sur la coque veut bien trop de peinture,
Il faut lui dire, vraiment que, oui, il exagère,
Eux ne voudront jamais réduire leur voilure.
Certains s’attardent au port, comme Bertrand du Broc,
Attendent, encalminés, qu’enfin souffle la brise,
Au Cap Horn seront-ils projetés sur un roc,
Acceptant que, d’un coup, tous leurs espoirs se brisent.
Quand on prend le départ, un jour, du Vendée Globe,
Et même si l’on sait que la terre est bien ronde,
Lorsque, sous vos deux pieds, la terre se dérobe,
Il faut, derrière soi, laisser beaucoup de monde.
Dumnac