J’attends d’avoir connu le premier rendez-vous,
Celui qui meurt de faim à l’alerte du goût
Pour écrire un poème, éternuement du coeur,
Que de l’inspiration, je sois à la hauteur.
J’attends d’avoir connu l’éprouvante blessure,
Celle qui cherche en vain un remède aux ruptures
Pour écrire un poème à l’encre des sanglots
Abreuvant de douleur le gosier de mes mots.
J’attends d’avoir connu la chaleur d’un berceau,
Celle qui renouvelle… Âge d’or de la peau
Pour écrire un poème, enfin, à découvert
Par-devant l’essentiel lorsque je serai père.
J’attends d’avoir connu la perte d’une amie,
Celle qui, du balcon, prend congé de la vie
Pour écrire un poème aux rimes orphelines
Versant dans mon regard, son âme alexandrine.
J’attends d’avoir connu l’affliction du cancer,
Celle qui, dans son monde, emprisonne ma mère
Pour écrire un poème atrophié par l’absence,
De son visage aimant depuis ma tendre enfance.
J’attends d’avoir connu la peur d’être effacé,
Celle qui, coup de gomme, honore l’escalier
Pour écrire un poème, éloquent maquillage
Grimée de cicatrices après l’atterrissage.
J’attends d’avoir connu l’épouse de mes jours,
Celle qui sait - pourquoi / comment - faire l’amour
Pour écrire un poème et qu’ivresse s’en suive !
De la muse à la plume… et ce, quoiqu’il arrive.
J’attends d’avoir connu la joie d’avoir vécu,
Celle qui d’amertume édulcore la vue
Pour écrire un poème ourlé de gratitude;
Que devient la beauté quand la peau se dénude ?
J’attends d’avoir connu l’indolence du corps,
Celle qui m’autopsie… là … sur mon lit de mort
Pour écrire un poème invisible à l’œil nu,
Sachant que ce dernier pourrait bien ĂŞtre lu.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.