Je voudrais telle une plume
Affinée pour l’écriture,
Des jours, révéler l’écume,
De vous, pénétrer l’armure.
Je voudrais être le crayon
Qui ébauch’ra votre profil,
Définissant votre vision,
Jusqu’au plus fin de vos cils.
Et dans vos yeux du plus beau noir,
Je ne verrai d’imperfection,
Comme deux étoiles dans le soir,
Vos yeux de nuit m’enivreront.
Je dessinerai tout en rond,
De tout mon saoul, le rouge aux joues,
La douce courbe du menton,
Le galbe exquis de votre cou.
J’esquisserai un nez fripon,
Qu’un prince aurait bien épousé,
Le plaisantin qu’il est mignon
Et que vos traits bien dessinés.
Madame, comme le phoenix,
Qu’en mes yeux minés vous gommez,
La détresse d’une idée fixe,
Pour faire naître d’autres pensées.
Votre ramage naturel,
Qu’un léonard ne pouvait croquer,
Tant est vraiment surnaturelle,
Votre belle chevelure de jais.
Je trace avide votre bouche,
Dont les lèvres accentuent l’éclat,
Les dents croquant le fruit me touchent
Mes mains ne tremblent, un bel exploit
J’achève ainsi la silhouette,
Mes doigts s’arrêtant aux prémisses,
Du monde troublant d’une brunette,
Dont je rêv’ au bout de l’esquisse.
Le dessin n'est pas la forme, il est la manière de voir la forme (Edgar Degas).
----------------
pierrot le nul
sensations et balbutiements