Peut-être à vous de me le dire, vous qui supposez que son nom
avait déjà connu le pire, ayant déjà touché le fond,
comment peut-on encore penser, comme le pensent tous ces cons,
que l'ennemi est étranger ? Qu'il a la couleur du charbon !
Après tant d'années à cogner contre la haine et l'ineptie,
je vous le dis, en vérité : cognons encore, même aujourd'hui
car si l'idée est au passé, ce n'est pas le cas de celui
qui a flingué l'humanité croyant protéger son pays.
Il était père, il était là , sous le brasier des projecteurs ;
j'entends d'ici crier : « Papa, réveille-toi... Papa j'ai peur ! »Â
J'ai peur aussi quand la bêtise a l'ossature de l'horreur,
lorsque l'amour - quoi qu'on en dise - confond le sang et la sueur.
A quand l'époque où l'on verra la différence comme un présent ?
Où le fusil des caméras n'émettra plus en noir et blanc ?
Et ce crayon là dans nos doigts, toujours honteux d'être impuissant,
qui continue ses ''bla-bla-bla'' fardés à l'encre du néant...
Racontez-moi, ô grands poètes, comment ces vers pourraient-ils faire
pour soulager un peu nos têtes de ces pensées à la peau claire ?
Tous à nos larmes ! Et puis tant pis si de mes yeux coulent des Pierre:
repose-toi, cher colibri, car faire sa part ne suffit guère.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.