Misanthrope I. (Humour).
Je ne vois en chacun
Que les défauts du monde.
Je médis du rouquin
Et la blonde est trop blonde !
Le ciel flotte trop haut
La terre est bien trop basse
Et j’ai toujours trop chaud
Le café dans ma tasse.
Je hais les animaux,
Le sable mis en rose,
Et me ris des chameaux
A double scoliose.
Quand l’escargot gaillard
A rampé sur un mètre
J’aime, au point de départ,
Méchamment le remettre.
Quand, sexy, une bombe
Dans l’œil veut me taper
J’explose et dis : « Colombe
Foutez-moi donc la paix. »
Je m’enfuis aussitôt
Quand les bontés d’un homme
Le rendent si marteau
Qu’il me cloue et m’assomme.
Tout seul je me sens bien !
Taillez-vous, grises mines,
Qui compte sur mon pain
Connaîtra cent famines.
Car c’est être un de trop
Qu’être deux dans ma vie
Et les gens mis en trop
Font ma misanthropie.
Donc un puissant verrou
Vous ferme ma masure
Car tout m’est un caillou
Au fond de la chaussure.
Pourtant je vous promets
Moi, vieux loup solitaire,
A qui déplaît d’aimer
Sans aimer ne pas plaire,
D’aller me cacher dans
L’ombre d’une cuculle
Et de vivre en dedans
Ma vie en minuscule,
D’aller seul dans mon coin
Aiguille dans ma meule
Pour caché, dans le foin,
Toujours faire la gueule.
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