Alors que tout nous abandonne, au rythme de la poésie,
Je vois le beau temps en personne envisager gouttes de pluie,
Et c’est ainsi que la roue tourne et tournera toute la vie,
Si sous ma peau l’astre séjourne c’est pour y enfanter la nuit.
Rien de tout ça n’est bien réel, dessous mes pas la même route,
Le cœur chavire de plus belle au bord de ce quoi qu’il en coûte.
J’ai tout perdu en un seul coup, encore un coup du sort sans doute,
Mais j’aime sentir sur mes joues l’alarme sourde qui s’ajoute.
Qu’il est grand temps de mélanger les sentiments qui, soi-disant,
Se trouvent dans les opposés, vous le savez, jamais je mens;
Devant l’autre face enragée, je marcherai le poing levant,
Commémorant toutes les plaies qu’elle a butinées dans mon sang.
Et si le vent devient l’audace d’aller fleurir sur d’autres terres,
Tout en dispersant quelques traces pour conserver quelques repères,
Je vais aimer à en finir avec ces projets qui espèrent;
Le seul regard vers l’avenir, c’est celui qui vient par derrière.
À vous mes compagnons de lutte, à tous mes frères d’écriture,
Tous les sommets sont à la chute ce que ces vers sont aux ratures.
Entre deux mots vient le repos, le temps de panser la blessure,
Mais soyez fiers d’être aussi beaux! Si vous en doutiez, j’en suis sûr!
Comme il est doux de raconter que l’on a vécu pour de vrai,
Pour un peu de rouge au poignet, tellement de charmes démasqués…
C’est avec orgueil que je signe, que j’ai signé et signerai;
Pour que ma plume se résigne, il me faudrait l’abandonner.
Qu’on vienne encore m’interdire d’agoniser comme il se doit,
Je ne réserve mes sourires uniquement que pour la joie;
Et lorsqu’enfin viendra son tour, bien entendu je serai là ,
En bon serviteur de l’amour, pour transpirer dessous ses bras.
Et quand jouera l’heure dernière de confier l’air de mes poumons
A l’autre côté; sur la pierre, on pourra lire sous mon nom:
« Ici repose en paix: la mort. Prenez garde à la contagion,
Ne restez pas trop près du bord, foncez plutôt vers l’horizon! »
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.