Le soleil est tombé comme un grain de poussière
Sur deux cœurs éclipsés par bien trop de lumière.
C’est l’histoire d’un regard qui ne sait atterrir;
La beauté d’un aveu, je le vois qui transpire
Son besoin de cracher Ă la face du monde:
« Bien sûr qu’on s’est aimé, ne serait-ce qu’une seconde. »
Et qu’ils s’aiment toujours; pitoyable évidence…
Renégats de l’amour ! Voilà ce que j’en pense:
Chère morale, ô raison, dans vos bouches salées,
J’entends sans cesse ces mots : que c’est trop compliqué!
Et pourtant, à vos pieds, s’aménage une impasse,
Dans mes yeux, l’impuissance de voir à votre place,
D’aimer, tout simplement. Est-ce absurde de croire
Qu’une flamme étincelle encore plus dans le noir?
Jusqu’à tout avaler, les chimères, un regret,
La cruelle impression de passer à côté.
Au diable le bonheur quand la langue dessine
Au bout d’une autre langue, cette langue des signes
Pour un seul vrai câlin, vos royaumes en pitié !
Pitié… Permettez-vous la faveur de quitter…
Bien sûr que je l’entends revenir chaque fois
Cette phrase craintive qui musèle vos choix:
Que c’est trop compliqué ! De pouvoir lâcher prise ?
N’est-il pas difficile de vous faire la bise?
Comme une force, deux aimants, quel curieux jeu de mots:
Des aimants… Qui s’attirent! Pléonasme du beau,
Merci donc Ă ce rĂŞve, et puis tant pis pour vous,
Je doute que vos lèvres se soient trompées de goût.
Alors debout fiévreux! Car moi là , j’abandonne!
J’ai beau faire le poète, me donner en personne,
Rien n’y fait. Je me tais, et ravale ma croyance.
L’amour ne suffit pas… Pitoyable évidence.
----------------
"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.