Je monte pas à pas ce sentier de coteau
Et je sens mon espoir se dissoudre dans l’air ;
Je me dis que l’appât d’un printemps tout nouveau
Va changer tout ce noir en meilleure atmosphère.
Est-ce, donc, cette pente ombragée de plumeaux
Qui fait du territoire un long chemin de croix ?
J’ahane, mais j’arpente, agrippant mon pommeau,
Afin de tirer gloire à gravir la paroi.
En bas, de petits rus murmurent leur chanson
En sautant les rochers qui leur servent de frein.
Sur leurs bords des intrus lancent leur hameçon
Pensant de ce crochet cueillir quelque fretin.
Sur le sentier, plus haut, je rencontre une biche
Qui m’observe, de loin, sans chercher à s’enfuir.
Moi aussi, tout penaud, je la vois qui s’affiche
A lustrer dans le foin tous les poils de son cuir.
J’ai longtemps ressenti à la marche furtive
Un plaisir à sonder le tréfonds de mon être.
Ici, en apprenti, je songe et je m’active
A vouloir refonder mes quelques paramètres.
Le monde, si lointain, me ferme son asile
Alors que je soutiens toutes ses belles causes ;
Je me sens baladin propulsé en exil
Pour quelques petits riens dénoncés par des clauses.
Mais toujours accroché je poursuis, là , ma route
Et accède au sommet où s’en vont les nuages.
Je lance mon rocher au dessus de la voûte
Puis m’en vais à jamais oublier les mirages.