Depuis le parvis de la cathédrale
J'admirais les statues
De sa façade
Parmi d'autres touristes
Par un bel après-midi d'été
Je levai les yeux vers le balcon
Et je te vis
Les deux mains appuyées
Sur la balustrade
Bien que tu fusses
Assez loin de moi
Je remarquai d'emblée
Que tu n'avais pas vieilli
Tu arborais toujours la beauté insolente
De tes vingt ans
En dépit du passage du temps
Un coquelicot glissé dans ta chevelure
Brune
Tu me regardais ardemment
Indifférente aux touristes
Qui déambulaient derrière toi
Ou appréciaient le panorama
Que signifiait ton regard insolite
Que je ne pus soutenir longtemps
Je baissai les yeux
Vers le tympan du portail
Représentant saint Michel
Terrassant le dragon
La lance de l'archange
Traversait de part en part
La gueule de l'animal symbolique
Qu'il chevauchait
Au bout de quelques minutes
Je compris
Que tu cherchais à me dire
Quelque chose
Que cette sculpture allégorique
N'était autre
Que ton messager de pierre
M'adressas-tu un reproche
Par le truchement de cette sculpture
Avais-je manqué à mon devoir
Ou bien était-il grand temps
Que je l'accomplisse
Quand bien même je ne pourrais
Faire guère plus
Que le colibri de la fable
Quand je levai à nouveau
Les yeux vers toi
Tu avais disparu
----------------
“Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre.”
C...