CE SOIR...
Ce soir...
Une teinte violacée habille aujourd'hui ses paupières.
Qu'elle essaie sous le fard gracieusement de cacher.
Mais les ecchymoses ont franchi les frontières.
Des vêtements, écharpes et autre cache misère.
Les pommettes rougies exhibent une fausse fraîcheur.
Conséquence physiologique d'une nuit de douleur.
Ce matin elle s'est maquillée...un peu trop à son goût !
Mais il faut dissimuler à tout prix les traces de coups.
Elle marche vite la tête baissée, regarde le sol.
Arrivée plus tôt au boulot pour ne croiser personne.
Dans son bureau elle se sent enfin en sécurité.
Quelques retouches de peinture sur son portrait.
Il est l'heure, il faut faire bonne figure.
La jeune femme relève son col sur ses blessures.
Redresse son buste et ses épaules ankylosées de courbatures.
Affiche pour finir un sourire clownesque en devanture.
Les premiers regards se font insistants... inquisiteurs.
Le masque ne semble pas duper les visiteurs.
Une tape amicale sur l'épaule trahit sa douleur.
Elle évoque une chute idiote... causée par son aspirateur.
S'emmêlant dans le fil de ces explications.
Elle cherche à justifier, maladroite, les contusions.
Faussement rassuré l'interlocuteur tourne le talon.
Après tout veut-il vraiment s’engager dans cette discussion ?
Elle avale une...puis deux...puis trois pilules magiques.
Et plongera rapidement dans un épais brouillard amnésique.
Son cerveau petit à petit semble de sa substance se vider.
Elle ne ressent plus rien...ni sereine...ni apeurée.
Elle repousse de quelques heures l'échéance de son départ.
Invoquant de la paperasse et des dossiers en retard.
Le brouillard se dissipe, la réalité refait surface.
Déterminée...ce soir elle ne perdra pas la face.
Sur la table quelques fleurs disposées dans un vase.
Ce sont ses préférées, accompagnées d'une carte et quelques phrases.
Les mots sont jolis...mais ils sonnent faux.
Et résonnent en elle comme une souffrance....elle saisit un couteau.
Il l'embrasse tendrement avant de lui reprocher son retard.
Elle ne mérite pas l'attention qu'il a eu pour elle ce soir.
Les fleurs sont jetées au sol, le vase se brise.
En même temps que la décision qu'elle avait prise.
Elle ne lui fera pas face aujourd'hui.
Il découvre le couteau, prise en flagrant délit.
L'arme qui devait la libérer se retourne contre elle.
Et lui transperce la poitrine en un coup mortel.
Laeti
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