Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
172 utilisateur(s) en ligne (dont 150 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 0
Invité(s): 172

plus...
Choisissez
la-quarantaine-10.5.1992 - Copie.jpg
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Vivre l'enfer
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Mr_Guyguy
Envoyé le :  16/5/2021 17:20
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
Envois: 1350
Vivre l'enfer
Bonjour à vous, je me présente, je suis Zygmunt Jakubowicz, né le 17 avril 1945 à Wiewiórów, en Pologne. Et j'ai donc 76 ans au moment où je vous parle. Je suis marié à Ewa Dumala Jakubowicz née, le 27 août 1948 à Brudzice, non loin du village où je suis né. Nous nous sommes mariés assez jeune, en 1965 à l'église de Krepa, qui se situe à 4km au sud de Lgota Wielka. Cela fait 65 ans que nous sommes unis devant Dieu et devant les hommes. Ewa a toujours été mon soutien, une précieuse aide dans ma vie de tous les jours. Je ne regrette en aucun cas de l'avoir épousée, c'est une femme qui a supporté avec moi, mes faiblesses, mes doutes, élevée et éduquée nos enfants car je travaillais énormément. Nous avons eu trois enfants, Marek né en 1968, Piotr né en 1972 et Katarzyna née en 1974 à Lgota Wielka.

Je suis retraité des services de la Policja (Police national polonaise) de la ville de Lgota Wielka. Je suis rentré dans les forces de l'ordre à l'âge de 19 ans en 1964. J'ai vu de nombreuses affaires défiler devant mes yeux... Certaines étaient dures, mais il y en a une qui m'a principalement marquée. Je vais vous raconter cette enquête...

La famille Zilberman, composée du père, Monsieur Wladyslaw Zilberman, né le 9 décembre 1941 à Lgota Wielka. C'était un juif polonais ayant subi la guerre en tant que petit enfant. Sa grande sœur et son mari ont été déportés à Auschwitz-Birkenau, qui sont deux localités se trouvant à une cinquantaine de kilomètres de Cracovie, « Oswiecim et Brzezinka » en polonais, ils y sont décédés. C'est un homme joyeux, aimant sa famille et respectant scrupuleusement les lois judaïques, surtout en ce qui concerne le sabbat. Par la suite il est devenu un important banquier.

La mère, Madame Sarah Schulz Zilberman, née le 14 avril 1946 à Krowodrza, tout près de Cracovie. Issue d'une famille bourgeoise juive, elle a perdu plus des deux tiers de sa famille pendant la Shoah, elle n'a jamais connu ses grands-parents et certains de ses oncles, tantes, cousins et cousines. Cependant, malgré certains manquent dans son enfance, Sarah a toujours fait bonne figure dans l'adversité.

Et leurs trois enfants, l’aîné Boleslaw Zilberman né le 31 octobre 1981 à Cracovie. C'est un mignon petit garçon, obéissant, gentil et parfois tête en l'air.

Ensuite il y a le puîné, Radek Zilberman, né le 10 mars 1983 à Cracovie. Petit garçon espiègle mais qui n'est pas méchant. Il aime imiter son grand frère à certains moments.

Et la dernière, la benjamine, Zuzanna Zilberman, née le 30 décembre 1985 à Cracovie. C'est une jolie petite fille aux longs cheveux blonds et bouclés, et ayant de beaux yeux bleus. La petite préférée de son père, il la gâte énormément.

Le mercredi 15 juillet 1992, la famille se rend vers 9 heures 30 dans la ville de Lgota Wielka, à environ deux heures et quarante minutes de Cracovie, chez les parents de Wladyslaw, Dawid et Felicja Zilberman, pour y passer deux semaines de vacances. Les grands-parents habitent dans une grande maison de campagne, se trouvant en retrait, qui procure un grand calme ambiant à toute personne y séjournant. Toute la famille s'est rendue à la piscine municipale afin de se détendre un peu. Les enfants sont contents d'être là, avec leurs parents et leurs grands-parents, ils s'amusent bien. Les Zilberman vont ensuite rentrer pour aller manger dans la maison familiale. En entrée, la famille commence par des Pierogis polski au fromage frais, pomme de terre et des oignons frits, c'est des « raviolis » polonais. Pour le plat principal, Felicja, aidée de sa belle-fille Sarah, ont préparés du Ryba po grecku (du poisson à la grecque) accompagné de Kluski, ce sont des petites boulettes de farine et de pomme de terre en purée cuite à la vapeur avec une petite sauce aux champignons. Après avoir dégusté tout ça, la famille a put se régaler avec un Kranz, c'est la variante juive de la traditionnelle Babka typique polonaise, là, les fruits confits sont remplacés par du chocolat. Tout le monde a bien mangé, Dawid, fait une sieste dans le jardin pendant que Wladyslaw, Sarah et Felicja discutent du devenir de leur pays, après cette période post soviétique tandis que les enfants jouent dans tout le jardin. Vers 15 heures 45 minutes, Boleslaw, Radek et Zuzanna demandent à leur Babcia (mamie), s'ils peuvent aller jouer dans le grand champ à côté de la maison. Felicja leur permet d'y aller, leur dit de ne pas trop s'éloigner car le champ est grand et que les herbes sont hautes en ce mois de juillet. Ils y courent !

Les enfants jouent et sans se rendre compte ils s'enfoncent dans le champ. Radek, a envie de rentrer et le fait savoir à son grand frère, Boleslaw décide que la fratrie doit rentrer. Il est environ 17 heures 20 minutes. Radek passe devant, tandis que Zuzanna donne la main à Boleslaw. Après quelques minutes de marche à travers le champ, Boleslaw se rend compte que son lacet est défait, Zuzanna reste à ses côtés, mais Radek étant parti devant n'a pas vu que son frère et sa sœur s'étaient arrêtés. L'aîné et la benjamine ne voient plus du tout leur frère, ils se disent que Radek doit déjà être arrivé, ils ne s'inquiètent pas plus que ça. Arrivant au bord de la route les enfants voient une camionnette noire partir rapidement.

Zuzanna et Boleslaw arrivent chez leurs grands-parents. Wladyslaw demande aux enfants où est Radek puisqu'ils sont partis tous les trois, les enfants pensaient que leur frère était arrivé avant eux. Le père de famille comprend qu'il s'est passé quelque chose, il appel la police, décrit la situation. Sarah Zilberman est en pleur pendant que son mari parle à l'agent Ludwik Lewandowski, après cet appel l'agent me parle de la situation, il commence à faire nuit, nous ne pourrons commencer les recherches que demain matin.

Le lendemain, au lever du jour, environ une cinquantaine d'agents sont envoyés sur le terrain afin de retrouver le petit Radek, 9 ans qui a disparu hier. Mes collègues et quelques bénévoles fouillent les alentours de la maison des grands-parents Zilberman ainsi que le champ voisin... Des journalistes de TVP1, ont interviewés Wladyslaw et Sarah Zilberman, qui sont en pleurent devant leurs caméras, en expliquant ce qui leur arrivent. La disparition devient une affaire nationale grâce à ce reportage. Je m’apprêtais à partir aider sur le terrain lorsque l'agent Pawel Smolarek me dit qu'une femme et son fils ont quelque chose à me raconter, une certaine Madame Piskorski... Nous commençons à discuter et elle me présente son fils, Jacek, qui avait 8 ans. L'enfant me raconte que quatre jours avant la disparition de Radek, il a été suivi par un homme et qu'il a pu lui échapper en rentrant dans le hall de l'immeuble mais que malheureusement il n'a pas vu le visage de l'individu. Je remercie Madame Piskorski et le petit Jacek pour leur aide, dès qu'ils sont sortis de la pièce j'ai contacté mes supérieurs.

Nous fouillons les habitations de trente-trois délinquants sexuels qui se trouvent autour de la zone de Lgota Wielka, à environ cent kilomètres. Mes collègues et moi, nous recherchons le moindre indice qui pourrait nous permettre de faire avancer dans l'enquête. Plus d'un millier d'agents de la Policja ont été dépêchés pour cette opération. Des collègues de la ville de Gdansk, qui se trouve à environ quatre cents kilomètres au nord de Lgota Wielka et tout au nord de la Pologne, nous ont appelés, car l'enfant aurait été vu avec un homme, dans leur ville par des témoins ayant immédiatement appelé leur service. Un portrait robot a été fait de l'individu accompagnant l'enfant. L'homme a été retrouvé par la police de Gdansk et a été placé en garde à vue. Nous espérons que cela soit Radek, nous attendons quelques heures mais nos collègues nous rappellent après la garde à vue de l'individu et il est innocent et l'enfant n'est pas celui que nous recherchons malgré une légère ressemblance...

Je me rends chez les grands-parents Zilberman, les parents de l'enfant y restent comme prévu à l'origine. A la vue de l'état de Sarah Zilberman, je préfère parler seul à seul avec Wladyslaw Zilberman, de la possibilité de ne pas retrouver leur fils, Radek en vie, malheureusement... Le père de famille, m'avoue qu'il y a pensé mais qu'il n'en a pas parlé avec sa femme qui est actuellement trop fragilisée par la situation. Nous continuons d'enquêter, de rechercher et d'interroger afin de retrouver le petit Radek.

Le 30 juillet 1992, nous sommes quinze jours après la disparition du cadet Zilberman. Un couple se baladant non loin du champ près de la maison de campagne des grands-parents Zilberman, aperçoit au loin de ce qu'il pense être un animal. Le couple se rapproche et constate que c'est un petit corps dénudé d'enfant en décomposition... Nous avons été appelés par ce couple, qui était sous le choc à la vue de ce corps sans vie... Après quelques analyses ADN, nous découvrons que c'est le corps du petit Radek Zilberman, 9 ans... Une chaussure a été retrouvée à environ trois mètres du corps. Je me suis rendu en personne auprès de la famille de ce petit garçon, et ai dû leur annoncer qu'on avait retrouvé leur fils, mort non loin de la maison. L'aîné des enfants, Boleslaw Zilberman, se souvient d'un détail, et m'explique que lorsqu'ils, Zuzanna et lui sont arrivés au bord de la route, ils ont vu une camionnette noire partir à toute allure !

Grâce au témoignage de Boleslaw, nous avons mis en place des barrages routiers afin de retrouver le ou bien les criminelles. Presque cinq jours après nous n'avons toujours aucune piste... Je commençais à désespérer, j'avais très envie de résoudre l'affaire pour que les Zilberman puissent faire le deuil de leur fils. Le 4 août, à la sortie de la ville à l'Est, entre Lgota Wielka et Wozniki, un homme tente de forcer un barrage avec une moto, une course-poursuite est entamée entre l'homme et les forces de l'ordre. Après dix kilomètres, l'individu a perdu le contrôle du véhicule, et a percuté un arbre. Mes collègues ont arrêté ce délinquant, qui n'avait par chance, que des blessures superficielles. L'homme se prénomme Bogdan Nowak, il est placé en garde à vu pour vol et délit de fuite, la moto ne lui appartenait pas. Après quelques recherches au sujet de cette personne, nous découvrons qu'il a une camionnette noire et qu'il est fiché comme délinquant sexuel. Un cheveu blond a été retrouvé dans la camionnette, alors que Bogdan est brun...
Sybilla
Envoyé le :  30/5/2021 22:12
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95902
Re: Vivre l'enfer


Bonsoir MrGuyguy,

Superbe histoire émouvante narrée avec grand talent !



Belle soirée !
Amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

Mr_Guyguy
Envoyé le :  1/6/2021 16:57
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
Envois: 1350
Re: Vivre l'enfer
Bonjour Sybilla!

Je vous remercie pour votre commentaire, cela me fait plaisir que cette histoire vous ait plu!

Amitiés.
Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster