Je voudrais appuyer si fort sur le crayon
Jusqu’à rentrer la mine au profond de ton nom
Pour que sur ton nuage, Ã cent lieues de ma plume,
Tu ressentes aussitôt toute mon amertume.
Transpercer de mes ongles, aux dépens de la feuille,
Cette peau disparue… Comment faire le deuil
D’une bouche au sourire impossible à chasser
De ma tête, contrainte à devoir l’invoquer ?
Ici, plus que d’ailleurs, ton âme à bout de rime
Réveille en cette page, un vers des plus sublimes
Pour dire à l’autre moi, celui que tu aimais,
Que je suis toujours là mais de l’autre côté.
Peut-être me lis-tu ? Quel espoir dérisoire !
Présumer que l’auteur puisse avoir le pouvoir
De passer la frontière apparente à cœur nu,
A tel point qu’en ces mots, tu sois la bienvenue.
Et si j’écris tes yeux, enfin… que tu me vois,
Pendu à l’impression que tu ne m’entends pas
Enfoncer chaque lettre au creux de ce papier;
Est-il possible que je n’appuie pas assez ?
Alors j’insiste encore et en corps hémophile…
- À quelle profondeur le tien repose-t-il ? -
Pourtant là , dans mes doigts, tout près de Saint-Supplice,
Se résigne un poème empli de cicatrices.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.