Toubadour et Trouvère à deux pôles éthiques...
Qu’il est doux de parler de ce temps des vadrouilles
Où tous deux, fort gaillards, nous daubions les patrouilles.
Celles-ci, dans leur ronde, écumaient les balcons
Pour nuire au grand bretteur flanqué de ses Gascons.
Nous aimions en ce temps assez bien les embrouilles.
Bien sûr que le phrasé de nos humbles bafouilles
Imposait au Public de mener quelques fouilles.
Avec toi qui fais mûr et prises les flacons
Qu’il est doux de parler !
Donnons à ce sain lieu, par nos carabistouilles
Des plaisirs remplaçant les lascives chatouilles.
Soyons donc attentifs pour veiller aux faucons
Qui viendraient les blesser dans leurs soyeux cocons.
Sens-tu par ces courriers sans fortes ratatouilles
Qu’il est doux de parler ?
De Bruno ce qui suit
Sommes deux sur le banc, deux vieux de mots armés
De souvenirs, d'humour, le visage grimé.
Fatigué, presque sourd, à la taille allumette
Je n'ai pas le culot du moindre vers bavette,
Fais donc le troubadour, tous en seront charmés
Tu es, des jeux de mots, l'artiste consommé
Et de ceux de l'esprit, des meilleurs, confirmé
Fais-en l'opéra bouffe où rires et cœurs pètent !
Sommes deux sur le banc.
Des plumes voleront des bravos enflammés,
D'un coup, sur le tréteau, en parquet transformé
On les verra danser, faire des galipettes,
S'envoyer vers le ciel où nul ange ne guette.
Poète, il est si doux de se sentir aimé !
Sommes deux sur le banc.