Une triste grand-mère
Espionnait un matin
Le café d'un voisin,
Qu'il buvait dans un verre.
C'était louche tout ça...
Il fallait qu'elle voie
Quand soudain, le voisin
Poussa un cri affreux.
Elle perdit des yeux
Son optique larcin
Et se senti frustrée
Au point de se lever.
La grand-mère, intriguée,
Alla donc tapoter
A la porte d'en face.
Toc...toc...toc... "Qui est là ?"
Demanda une voix.
"Qui ne répond ne passe."
Sur ces mots, la grand-mère
Qui, de moins en moins fière,
Tremblait des pieds aux doigts,
Se présenta ainsi :
"J'ai entendu du bruit.
Je viens voir si ça va.
Je suis votre voisine,
En manque de ragots.
J'en viens cueillir les mots.
J'ai beaucoup de copines
A qui les distribuer
Si j'en récolte assez."
"Des mots, j'en ai pour vous
Plus que vous n'en voudrez..."
Lui dit la voix, cachée.
"Des mots durs, des mots doux,
Des mots d'amour, des mots
Qui font froid dans le dos.
Des mots qui vous tueront
Si vous en abusez,
Des mots d'éternité...
De jolis violons,
Cordes désaccordées,
Viendront vos nuits hanter..."
La grand-mère, apeurée,
Couru se réfugier
Chez elle et, plus jamais,
N'alla de mots lancer
Au voisin, pour parler
Du voisin d'à côté...
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Pierre p.
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