Je finis à l’instant de panser ma blessure
Qu’autrefois je cachais d’une sotte censure.
Sans laisser apparaître un seul gémissement
Je repense au passé, pris d’un frémissement ;
Sitôt je t’aperçois Ô fidèle complice
Toi qui fus près de moi pour que je m’accomplisse.
Il est dans l’amitié, bien sûr, un pieux devoir ;
Tu sus t’en acquitter, sans jamais décevoir.
Tu me disais toujours : « Demain, sera l’aurore
Qui sourit amplement à celui qui pérore !
Au matin l’oiseau chante et se veut très courtois
Pour que l’être agité de la nuit soit pantois ! »
Aujourd’hui je suis quiet, même si mon automne
Attend que, fort lucide, à l’instant, je frissonne.
Hé bien non, je vais droit sur le même chemin
Que j’empruntai jadis lorsque j’étais gamin.
Il est dans ce Pays une frange fragile
Mais aussi des battants d’un allant fort agile.
Parfois je te retrouve et nous parlons toujours
De ce temps révolu, du vécu de nos jours.
Chaque instant voit bien que ma jeunesse recule
Que s’avance à grands pas un proche crépuscule.
Ami, buvons le coup aux bistrots des allées
En invitant ces filles que je sens emballées.
Nous écrirons plus tard le chemin parcouru
Du ton sûr dit jovial car toujours non bourru.