Comme on éclaire un filigrane...
Tu sais je le savais
Tu vois je savais bien
Qu'un jour tu t'en irais
LÃ sous un temps de chien,
Et que tu m'oublierais
Avec mes yeux salés
Moi et mes petits riens
Plein d'air que je retiens.
Tu sais je le savais
Je le savais déjÃ
Qu'un jour j'irai pleurer
Seule au fond de mes draps,
Seule à me demander
Où je me suis trompée
Et si tu reviendras
Me serrer dans tes bras.
Tu sais j'ai mal au vide
Et ce qu'il manque autour
Et qui me dilapide
Et me creuse en plein jour;
Où plus rien ne me guide
Où tout devient liquide
Où l'ombre à fait l'amour,
De mon dernier recours.
Tu sais j'ai l'âme au soir
Qui met sa robe blanche
Pour m'empêcher de voir
La falaise où je flanche,
En oubliant de croire
Que l'écho d'un espoir
Revient si l'on épanche
Le poids d'une avalanche.
Tu sais je le savais
Et je l'ai toujours su
Su comme on se connaît
Su comme un déjà vu,
Dont moi je ne voulais
Et que j'ai repoussé
Comme un sombre inconnu
Du plus fort que j'ai pu...
Tu vois je le savais,
C'est comme un sentiment
De n'être pas bien né
Trop malade et souffrant,
Pour ne pas deviner
Qu'il faudrait endurer
La saison des tourments
...Avant que d'être grand.
Tu vois j'ai mal au risque
Avec ces murs si hauts
Et le rouge à ces briques
Accusant tant de maux
De collisions tragiques
Et d'instants si critiques
Qu'il faudrait des radeaux
Pour passer mes sanglots.
Tu vois j'ai la raison
Qui fait des feux de paille
A la morte saison
Que ma pensée détaille
Pour tenter d'y trouver
Un rêve ensoleillé
Et des rires en bataille
Ô semant la pagaille.
Tu sais je le savais
Mais moi je le refuse
Tout de bloc et d'un jet
Et tant pis si j'abuse
De mon corps déchiré
De mon coeur essoré
Et de tout ce qui m'use,
Dès lors qu'une envie ruse.
Oui tu vois je savais
Je connais trop ce point
Qui noircit chaque idée
Qu'on écrit dans le coin
D'un papier parfumé
Qu'on cherche à respirer
Pour calmer le besoin
D'en voyager plus loin.
Tu sais j'ai mal au bruit
Hurlant de ton silence
Jusqu'au bout de ma vie
Qui perd un peu le sens
D'un jour sous une nuit
Qu'on pleure et qu'on écrit
Pour consoler l'absence
Victime... à l'évidence.
Tu sais j'ai mal où j'aime
Quand ça me crie famine
Et cuisine un poème
A rougir une mine
Si troublée qu'elle en sème
Un vrai temps de bohème
Qui lentement chemine
Sur une humeur câline.
Tu vois je le savais
Que tu es seul au monde
Où je me suis louée
Un bout de terre féconde
Qui ne fleurit jamais
Qu'avec le tout premier
Frisson qui corresponde
...Au temps d'échines rondes.
Tu sais je le savais
Comme un sourire béat
Qui transporte un secret
Que d'aucun ne lira,
Mais qui vient chatouiller
Cette bouche amusée
D'une langue où pendra
... Chaque été qu'on taira.
Tu sais j'ai mal au Nord
Du pôle où je recule
Tant le froid qui me mord
A gelé ma pendule
Aux raisons de mes tors
Mais pas sans les remords
De mes pas minuscules
... Tant plus rien ne circule.
Tu sais j'ai mal aux vues
De mes yeux monochromes
Qui n'ont jamais perdu
La couleur d'un fantôme,
Qui vient à mon insu
Me prendre au dépourvu
Même au profond d'un somme
...Même où la peur m'assomme.
Tu sais je le savais
Qu'un jour serait la fin
De cette avidité
Qui commence à ta main,
Que je ne peux lâcher
Sans vouloir tout quitter
Sur un menu refrain
... Qui soupire un chagrin.
Tu vois je le savais
Que sont des déceptions
Qui vont nous amputer
Au feu de nos actions,
De tant de grands projets
Qu'on avait dessinés
Pour un peu d'attention
... Sans mauvaise intention.
Tu vois je le savais
Mais à d'autres que toi
Toi que j'aime emporter
Où que j'aille avec moi,
Toi qui me fait penser
Plus haut que l'apogée
Que j'aimerais parfois
Grimper dessous tes doigts.
Tu sais je le sentais
Comme une couverture
Qui manque à nos deux pieds
A l'heure des ouvertures,
Qu'un jour je m'en irai
Bien trop déshabillée
Par la température
... A l'heure des fermetures...
Oui tu vois je savais
Mais j'ai mal de savoir
D'entendre en vérité...
Tomber dans ma mémoire
Des "si" j'avais compté
Des "peut-être" en aimer...
Mais des bris de miroirs
... Qu'on colle à l'illusoire...
Tu vois je le voyais
LÃ dans ma transparence
Que je disparaîtrais
Sans faire de différence
Comme un maudit jouet
Cassé d'utilité
Qui retombe en enfance
... Entachée d'innocence...
Oui tu vois je savais
Qu'un jour viendrait l'orage
Et qu'il se mêlerait
De mes petits nuages
Où j'allais respirer
Tant d'air à te confier
Tout autant de visages
... Que j'ai fait de naufrages...
Tu sais je la savais
Je la sentais parfois
Cette plaie qui suintait
Du sang noir d'autrefois
Puis qui s'élargissait
De tout bords pour saigner...
Mais m'assurant de toi
Pour moins de désarroi.
Tu vois je le savais
Qu'on sème à des retards
Des grains pour cultiver
Ses erreurs sur le tard,
Qu'on récolte accablé
Défrichant des regrets
Pour cueillir un regard
Dans le flou d'un départ...
Tu sais je le savais
Mais je préfère ignare
Seulement contempler
La beauté de ton phare
A qui je sourirai
Qu'il pleuve à se noyer
Où malgré le blizzard
Qui me fouette au hasard.
-The enigma tng - Moonlight waters-
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