Elle court vers moi !
Je marche à contre-courant,
Vers les pluies diluviennes d'autrefois;
L'eau est une pluie d'éloge du vivant.
Je fouette ardemment ma soie,
Elle caresse délicatement ma nature,
Submerge les déluges en moi,
Noyant mes profondes fractures.
Je dépose mon artificiel appât
Au pied de ce renversant déversoir,
Sur l'onde aux courants scélérats,
Au torrent de mes espoirs.
Je danse sous mon élément,
Mon âme se ressource, Martin-pêcheur !
Au grand dam des maux d'antan,
Je nage dans un pur bonheur.
La pleuvine tombe, ma soie colle
La truite gobe mes auréoles
La mouche de mai s'envole
La grande éphémère rejoint Éole.
La pluie redouble ses ferveurs
Caresse les feuilles de nénuphars
Les saules sont en pleurs
Mon sourire miroir se mare.
L'arc-en-ciel enfin s'éveille !
Si beau par-dessus du ruisseau
Spectre bruineux du soleil
Éternel compagnon de ma truite fario.
Je marchais au milieu du lit
La voûte verdoyante s'endort
Laissant filer mon moulinet
Vers cette pluie étoilée de météores !
Couché sur mon lit, j'ai fait un vœu
Celui de glisser à nouveau
Sous cette pluie de cadeaux
Au fil de l'eau: être toujours un cygne d'eau...
Ogr3