Comme toujours, je passais par ce chemin populeux
Qui mène à mon école avec un air sommeilleux
Les rues désertées et le ciel bleu dépourvu de colombe
C’était un matin où régnait un silence de tombe
J’étais soucieux plus que les autochtones en colère
Pas plus que ceux qui veulent fuire cette misère
Des militaires étaient cagoulés et déployés par secteur
Renvoyant dans leurs foyers ces femmes en pleurs
Les buvettes fermées, les fidèles assiégeant la place
Ils entonnent l’hymne national en refusant toutes grâces
De Tunis à Ben Arous la colère explose et se propage
Les révoltés en furie scandent à répétition le mot dégage
J’ai vu le soleil se lever au lointain présageant cet ère
Sans inégalités, sans étouffement et répression policière
Les ruelles exhalaient l’odeur de la liberté proclamée
Plus que les ordures abandonnés et les pneus enflammés
La situation dégénère, par dizaine s’entassent les morts
Le sang coule comme les eaux d’une rivière de tous ces corps
J’ai suivi avec le cœur palpitant cette marche funèbre
J’ai vécu ces moments avec ce peuple s’évadant des ténèbres
Dans un atmosphère étrange où les mitrailleuses tiraillent
Moi, cet automne, j’ai imaginé marcher à mon propre funéraille
Assourdi par les tirs, défilent les images de mes proches
Et dès lors, je me suis enterré chez moi avant qu’on m’écorche
J’ai entendu les Klaxons éteindre les tirs, l’une après l’autre
Des larmes aux sourires, la liberté arrachée, ce peuple escorte
Le despote a fuit sentant le déclin de son règne autoritaire
Face à la contestation de la rue et ces indignés tous solidaires
Medfeyz
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« Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir » Sénèque.