Quoi ? Il n'y a personne !
Personne dans les rues de Kairouan.
Où sont-ils? où sont-elles?
Ces femmes voilées et ces braves gens ?
A travers leurs portes et leur fenêtres fermées,
La lune les espionne et le croissant.
Ils ont peur de ne jamais les revoir
Un soir d'été sur leur balcon.
Les rues sont désertes à présent.
Ici ,des chats abandonnés, là ,des chiens
Et une maîtresse qui écrit un conte d'enfants :
<< Il était une fois un terre,
Des bergers et des bergères
Qui s'aimaient tant;
Ils remplissaient le monde d'amour,
De joie, de danses et de chants.
Ils creusaient la terre, semaient du blé,
Brodaient des draps avec des cygnes sauvages
Et des biches de champs.
Que c'est beau ! Que c'est bon !
Mais un beau matin, il s'est passé quelque chose,
Quelque chose d'horrible,
Quelque chose de choquant.
Plus de ciel, plus de rosée
Et plus de radieux printemps ... >>
Laissons ces bergers et ces bergères
Et revenons vites à nos moutons.
Il n'y a personne aux jardins publics,
Il paraissaient tristes les bancs.
Oh ! ciel, oh ! Etoiles filantes !
Oh ! essaim de pigeons !
Nous n'avons pas encore fini notre histoire d'amour,
Nous n'avons pas encore cueilli les coquelicots,
Ces fleurs sauvages qui jonchent nos champs.
hâtons nous, ouvrons grandes nos portes
Qu'il est doux de parler à la lune !
Qu'il est doux de rester sur les bancs !
Doux le sourire des femmes
Et plus doux encore le sourire d'enfants !