Tu es venu un soir en passant par l'enfer,
Tu avais tout laissé, ta maison, tes ancêtres.
Tremblant sur le rafiot, qui embarquait la mer,
Accroché à l'espoir qu'un passeur a fait naître.
Enfin, le sable gris, qui crisse sous les pieds.
Est-on vraiment partis ? Toujours la même lune !
Et des pleurs et des cris, tu donnes tes papiers
Te voilà prisonnier dans un camp de fortune.
Ta femme, tes enfants te suivent pas à pas,
Tu marches vers le nord, vers votre délivrance.
La montagne n'est rien, la neige, le verglas
Ne sont que du bonheur, enfin voici la France !
Sous un pont du périph., laissé à l'abandon,
Tandis qu'autour de toi, la foule indifférente
N'a la moindre regard pour le bout de carton
Où s'inscrit la misère et l'ecriture tremblante
FAMILLE SYRIENNE
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Boileau