Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1930 |
Plus jamais çà ! Plus jamais çà !
J'ai hurlé ma douleur, j'ai imploré la mort Et je crie maintenant, aux portes de l'agonie Les horreurs de la guerre qui ont mis dans mon corps La semence maudite engendrée par l'ennemi.
J'ai pris les armes, la patrie était en danger Il fallait la sauver et pour la liberté Des hommes allaient mourir, tués et foudroyés Par les balles, des balles qui fauchaient l'âme des damnés.
Et moi aussi je suis tombé au champ d'honneur Donnant ma vie et mes vingt ans pour abreuver De mon sang, la terre meurtrie qui porte jusqu'au cœur De la folie les plaies des soldats apeurés.
L’enfer, du fer et du feu, du sang et la mort Terré comme un rat pour ne pas crever ce soir La boue recouvre ma peau, je pue, tout mon corps Exhale l’odeur des cadavres, j’ai peur du noir.
L’instant est venu, je vais monter à l’abattoir Sortir de ce trou, courir droit vers l’ennemi Je ne pense pas, j’ai froid, perdu tout espoir Je sens la mitraille frôler mon âme, ma vie.
J’avance, je vois tomber, mourir autour de moi Un cri ! Un enfant de vingt ans à l’agonie Il pleure et réclame la mort, c’est l’effroi L’horreur totale, la guerre, utopie et folie !
Il pleut des balles d'enfer, un crachat de mitraille Le temps est lourd, pesant, du fer dans les entrailles Je meurs et j'en ris ! A m'en faire mal ! Ciel bleu Un beau jour de guerre, pour périr sous le feu !
Ils étaient fiers, ces grands et beaux bataillons Marchant du même pas, à creuser des sillons L'ennemi ancestral, incarnait tout le mal Comme lui, on retrouvait, l'instinct animal !
Terrés dans des trous de rat, parmi les charognes TUEZ ! TUEZ ! S'entretuer, sale besogne Pourquoi ? Pourquoi ? Je vois la mort autour de moi Ces corps meurtris, tout ce sang versé, pourquoi ?
Suis-je né pour cela, c'était çà mon destin A porter un fusil, marcher vers le chemin Qui me mène au tombeau, sauver la patrie Au prix de ma vie, quel mépris, quelle ironie !
Entendez-vous, résonner le son du clairon Annonçant la fin des combats, sur le perron De mairie, énoncer le nom des combattants Victoires, faits d'armes et leurs exploits éclatants !
Et dans les villages de France se dressent Près des vieux marchés, la stèle vengeresse Où sont inscrits les patronymes des héros Honneurs aux morts, à tous ceux tombés sans un mot !
Méditez braves gens, la guerre est folie Furie des humains, elle n'est jamais abolie Que ma mort vous serve, éviter ces horreurs Sauver vos vies et fuir les fureurs d'un führer !
Chaque nuit, de nouveau l’éternel cauchemar J’ai mal ! Si je pouvais, ne plus me souvenir Je pourrais m’endormir et larguer les amarres Evacuer de l’esprit, ces maux à bannir !
Je revis, je revois, je ressens et je meurs D’incessants tourments qui rongent les fondements De mes pensées, des humeurs, rumeurs et clameurs Carnaval de douleur, à crier d’hurlements !
Au matin, sur la peau, des sueurs de métal Dans la bouche, le goût amer, du temps passé A combattre dans les tranchées, un jeu brutal La mort autour de moi, la peur de trépasser !
Le feu des enfers, le fer brûlant de l’obus Eclatant, déchirant les chairs, mettant à nu Nos ancestrales torpeurs, toujours à l’affût Epiant l’ennemi, attendant sa venue.
Comment survivre, avoir vécu tant d’horreurs Rester indemne, je ne peux plus supporter Les réminiscences des combats, les frayeurs Des soldats à l’assaut, les corps déchiquetés !
Je porte les cendres de la guerre, relique D’un voyage vers l’abîme, vers le néant Où l’homme n’est plus humain, arme métallique Au service de la folie de mécréants !
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