Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1924 |
Tous travailleurs ! Les gueules noires
Une campagne aux mornes plaines que l'on appelle le Nord Terrils pour cathédrales, chevalets pour beffrois Le pays des gueules noires a l'odeur de la mort Le peuple des ténèbres souffre de la faim et du froid. Chaque matin, la terre avale ces malheureux L'échine pliée, cassée par un travail de bête Un salaire de misère pour nourrir des ventres creux Vivre ou crever, leur vie n'a pas le goût de fête. Des mains de forçats pour extraire l'or des enfers Des regards hagards, du charbon pour tout horizon Peur du grisou dans les profondeurs de la terre Les mineurs, des hommes, les travailleurs des bas fonds.
L’usine
Cheminées crevant l'épaisse voûte des nuages gris Les murs de brique ont sur la peau la couleur noire De la misère, des mains fébriles tracent graffitis Et slogans syndicaux, telles des voleuses chaque soir. L'usine avale la multitude des travailleurs Dans son ventre, le bruit des machines tonne dans la nuit La cadence infernale sue et transpire l'odeur Des heures de fatigue et les plaintes meurent sous la pluie. Elle ouvre sa gueule béante au jour qui s'est levé Evacuant son urine d'hommes sur les pavés Ils retournent la tête basse, les épaules enfoncées Dans leur détresse s'égaillant dans leur triste cité.
Paysages industriels
Les forges, les hauts fourneaux, les cokeries Les usines, les ateliers, les industries Les machines à vapeur, les métiers à tisser Les mines, les terrils, les chevalets Des flammes et des fumées, des monstres d'acier Des cheminées telles des phallus de brique Des paysages houillers et sidérurgiques. Du matin au soir, la bête humaine pour quelques sous Trime à en crever, crache l'or noir par ses poumons Silicosés et tous les soirs, il rentre chez lui, soûl A dégueuler ses tripes, pour fuir ses démons. Et la Mort est venue, lui arrachant la vie Laissant sa veuve et ses enfants malheureux. Le Progrès a créé l'enfer sur Terre !
Ma vie, une vie de travailleur
Des années, de longues années de dur labeur Une vie d'ouvrier, celle d'un obscur travailleur Manuel de mon état comme outils des mains Des mains usées et fatiguées tous les matins. Chaque jour, je quitte mon logis, il fait noir Une journée de bruit et de sueur jusqu'au soir Des cadences infernales pour un salaire si bas Je compare cette vie de misère à celle d'un rat. Aucun espoir de s'en sortir, de réussir A quoi sert de vivre, de lutter, l'avenir Quel avenir, celui du pauvre que je suis Le spectre du malheur, de la mort me poursuit.
L’ouvrier !
Travailleur de ton état, tu es bon manuel Fier d’aller œuvrer et accomplir ta tâche En retour, toucher un salaire mensuel Et la prime, là , tu te lisses la moustache.
Tu aimes ta femme et surtout tes trois enfants Ils sont tout pour toi, tu ne comptes pas tes heures Bosser pour un patron, ce n’est pas triomphant Mais au moins tu as un boulot, t’es pas chômeur.
Tu pars tôt le matin, ton pas est lourd, pressé Faut pas de retard, sinon tu es à l’amende Payé au rendement, tu ne peux baisser La cadence, il faut respecter les commandes.
Le soir, tu quittes d’un pas las et fatigué Ton atelier, tout le jour, tu as sué A fabriquer des pièces, ce n’est pas gai Ton boulot, mais au fond, tu es habitué.
Avant de rentrer chez toi, tu vois les copains Au café du coin, à boire ton coup, heureux A taper le carton, tu n’es pas un rupin Pour tes amis, tu es un pote chaleureux !
Retour à la maison, tu t’assis près du feu A réchauffer tes mains, attendant le repas Ton épouse a préparé un bon pot-au-feu Et tes gamins te disent bonne nuit Papa !
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Plume d'or Inscrit le: 17/5/2009 De: 33 Envois: 1922 |
Re: Tous travailleurs ! Des descriptions qui nous rappellent combien de millions d'hommes sur la planète ont eu des vies difficiles, faites de souffrances, de frustrations, de manques sur beaucoup de plans, des vies dans espoirs de jours meilleurs, des vies dont le travail usant, dangereux, étaient abrégées par la maladie, les handicaps, le deuil prématuré.Et si l'on remonte dans le temps ce sont des centaines de millions d'hommes à travers les siècles,qui ont des vies faites de privations, d'injustice et d'exploitations : les esclaves dans l'antiquité, les galériens, les bâtisseurs des pyramides, de la grande muraille de chine, etc.. etc.. Ce sont des vies que personne ne voudrait vivre. Et beaucoup d'être humains encore de nos jours ne sont pas mieux lotis :les ouvriers, ouvrières au Sri Lanka, en Inde, en Indonésie, en Chine,en Amérique centrale, dans certains pays de l'Amérique du Sud, en Afrique, dans les pays richissimes du Golfe qui emploient des dizaines de milliers d'esclaves sous payés, à qui l'on prend les passeports et qui deviennent prisonniers de leurs employeurs qui ont tous les droits sur eux. Et ce sont soi-disant des êtres humains qui infligent ou ont infligés de telles conditions à " leurs frères " pour mieux s'enrichir et profiter de la vie ! Beaucoup de fortunes se sont faites, et se font encore sur des monceaux de cadavres. Amitiés. St Just
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