Combien de longs chemins et puis de vastes plaines
Avons-nous arpentés pour voir nos châtelaines ?
Et lorsque leurs maris semblaient bien endormis
Combien de chants poussés, le soir au clair de lune,
Ont fleuri des balcons la solide tribune,
Inspirant tant de cœurs, des pucelles hormis.
Combien de Nobles Gens ont payé d’équipages
Pour tenter d’arracher de nos poches ces pages,
Des pages de longs chants Ă©crits pour leur bonheur.
Te souviens-tu l’Ami qu’avec délicatesse
Nous les faisions tous deux Ă petite vitesse
Sans jamais ameuter de l’endroit le sonneur.
En ces jours de prison quand s’en vient la veillée
Nous repensons l’époque où même surveillée
La vie Ă©tait joyeuse et surtout sans tourment.
Aujourd’hui j’ai rangé ma vieillotte guitare
Qui m’encombre plutôt et semble être une tare.
Mais toi tu continues avec ton instrument.
Plus tard, quand la vieillesse aura pris grande place,
Nous pourrons lors sucer, au vieux banc, notre glace,
Nos dents étant portées par d’utiles dentiers.
Ce pays de retraite est un coin fait de pierres
Et c’est lui qui viendra pour fermer nos paupières.
Nous y aurons joué les amènes rentiers.