6 Janvier, Jour des Rois...
Bonjour !
Je vous souhaite une belle Epiphanie.
Et merci d'avance à ceux qui auront le courage de lire mon long poème jusqu'au bout...
C'est une partie de moi-même...
Mes Amitiés
Napola
6 JANVIER, JOUR DES ROIS
Dans ma tristesse, je viens juste de réaliser,
Que si ma vie n’est pas telle que je la voudrais,
C’est peut-être parce que ma vie n’aurait pas dû continuer.
Mon père ayant dû partir à la guerre
Peu après que je ne sois dans le ventre de ma mère,
Cela a dû être tellement dur pour cette dernière,
Que sa grossesse a été pour elle un calvaire.
Aucune odeur son cœur ne supportait,
Et au fond du jardin elle devait aller
Lorsque sa belle-mère préparait à manger.
Malgré le peu de nourriture que Maman avalait,
J’en puisais suffisamment pour pouvoir me développer.
Et j’ai finalement réussi, une nuit, à voir le jour,
Après que le travail ait duré une nuit et un jour.
A l’époque, au Portugal, on n’accouchait pas à la maternité,
Et moi je suis née dans la maison familiale de mon père.
Et comme pour la grossesse, l’accouchement a été un calvaire.
Le travail a été difficile, douloureux et très long,
Et la sage-femme devait se partager entre deux maisons,
Car deux bébés sur la commune devaient arriver
En ce jour des Rois, le six Janvier.
Si j’étais née des années plus tard, dans une maternité,
Dans une couveuse, c’est sûr, j’aurais été placée
Car mon petit kilo cinq cents n’était pas suffisant.
Et comme on me l’a répété bien souvent,
Je tenais aisément dans une boîte à chaussures.
Je suis née vers deux heures du matin, et le médecin,
Vers six heures me faisait déjà des piqûres.
Mes grands-parents paternels et ma mère
Ne voulant pas inquiéter mon père,
Qui avait déjà bien assez de soucis à la guerre,
Ont organisé pour moi un beau baptême
Même si, je le sais, leur cœur était en peine.
On m’a même confectionné une belle robe de baptême,
Taillée dans la robe de mariée, ou plutôt dans la traîne
De cette jeune mariée, qui allait fêter ses un an dans la peine.
Plusieurs photos ont été prises pour pouvoir envoyer au Papa
Qui était loin de sa famille et se battait très loin, là -bas, en Angola.
Ces précieuses photos, aujourd’hui, c’est moi qui les ai,
Et parfois je les regarde comme pour me rappeler.
La plupart des visages ne montrent pas la tristesse,
Et pourtant, ils devaient bien être tous dans la détresse.
On m’a vite baptisée alors que je n’avais que quinze jours de vie.
Et en me bénissant, le curé n’avait-il pas dit ? :
« Mais un anjinho para o Céu » (« Encore un petit ange pour le Ciel).
(A noter que ma maman s’appelle « Maria do Céu »).
Mais je ne suis pas montée au ciel,
Et un ange je ne suis pas devenue.
Je ne sais pas par quel miracle j’ai survécu,
Alors que j’étais si fragile et si frêle.
Pourtant, aucune maladie ne m’a été épargnée,
Et bien des nuits blanches à ma famille ont été imposées.
Ma mère, ma grand-mère et mes tantes se relayaient à mon chevet.
Peut-être est-ce l’amour de ma famille qui m’a sauvée ?
Ou peut-être aussi l’instinct, la force d’un bébé,
Qui ne voulait pas partir sans connaître son Papa éloigné ?
Quand ce dernier, de l’enfer de la guerre est enfin revenu,
Son bébé qui avait plus de deux ans ne l’a pas « reconnu ».
Son Papa, c’était celui des photos que lui montrait sa Mama,
Mais pas cet inconnu qui voulait la prendre dans ses bras.
Peu après l’avoir retrouvé, mon père est parti en France,
Terre d’accueil où le travail se trouvait en abondance.
Quelques mois plus tard, ma mère et moi, leur bébé,
Sommes venues le rejoindre pour toujours ensemble rester.
Après mon arrivée en France, mes maladies ont cessé.
Pourtant, je garde en moi des blessures non cicatrisées.
Pourquoi ai-je été sauvée ?
Ma vie a-t-elle un but ? Quelle est ma destinée ?
Je continue à chercher, à me demander,
Pour quoi je suis née en ce jour des Rois, un six Janvier.
Peut-être un jour trouverai-je la réponse ?
Et ce jour-là , sans doute, je serai en paix.
Napola
02 et 04/01/13