Pour mon aïeule, les lettres
Étaient un défi d'esprit
Les lignes et les courbes
Façonnant l'alphabet
N'arrivaient pas à s'accrocher
Pour en lier tous les sons
C'était le déraillement du train
de l'apprentissage écolier
Pour parer à son illettrisme
Elle avait cet attribut génial
Qui s'était greffé à la naissance
Comme un sac plein d'images
On appelle ça, de la graine
De raconteur, je vous le dis,
C'est aussi fertile qu'une lapine
Ça vous lâche pas d'une semelle
En gestation continuelle
Elle engendrait des histoires
À remplir tout un pays
De ses petites fantaisies
On restait pendu à ses lèvres
Comme envoûté par la magie
Qui collait les mots à ses mains
Comme un petit nouveau-né
Quand la famille fut faite
On a tous mis le nez aux couches
Pour continuer à élever
La race de pur sang
Porteur du gène propre
Des moulins à paroles
Qui puisent leurs forces au gré
De la girouette du vent
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sylvianni