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     LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
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Expéditeur Conversation
Chibani
Envoyé le :  5/11/2023 17:07
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Les fabuleuses
histoires
des moulins Ă  vent


Il était une fois…
Ah non, pas toi ! Change un peu ta formule !

Ne me dis pas que depuis que tu existes, tu n’as connu qu’un seul vent, qu’un seul grain à moudre et que tu n’as pas eu d’oreilles pour les écouter échanger entre eux de merveilleuses histoires.

Ou alors, serais-tu ce moulin dont on chante les mérites de son meunier, tu sais celui qui dormait et dont le moulin tournait trop vite !

Ah, ça y est, enfin je viens de réveiller ta mémoire, je sens tes ailes frémir, j’entends le son de ta farine et je salive déjà à ce que tu vas nous raconter.



-o-o-o-o-o-

LES LUTINS DU VIEUX MOULIN

Cette année là, le vent venait du Nord. Il gelait à pierres fendre. Le givre avait recouvert tous les coteaux voisins et on voyait, s’élevant au-dessus des cheminées, de longs panaches de fumée, seules traces encore visibles d’une quelconque activité.

Ce qu’on ne voyait pas, mais qui aurait pu le supposer, était qu’une compagnie de lutins avaient élue domicile dans un vieux moulin, dont les ailes, également recouvertes de givre, semblaient frigorifiées comme tout ce qui était dans leur environnement.

Et pourtant, dans cet enclos où nul chauffage n’était possible, il régnait une douce chaleur entretenue par d’espiègles farfadets chantant sur des résidus de son, en chevauchant la mouture. Il fallait les voir virevolter, sautant comme des cabris à l’âge de l’adolescence, barbichettes aux vents pour les plus anciens, heureux d’être seuls à piétiner le grain, ne craignant plus d’être écrasés par la puissante meule de pierre lorsque les ailes, actionnées par le vent, entrainaient la lourde mécanique.

C’est qu’ils en écrasaient du blé, de l’orge et du seigle. Sous leurs pieds, tressautant en cadence, une musique naissait, entrainante, lascive, à la limite de l’érotisme quand on sait que les lutins ne sont pas que des anges.
Un sacré travail qu’ils avaient entrepris là. Tout se faisait à la main, si on peut le dire ainsi. Les grains, transportés un à un par les plus forts vers le tapis de pierre, y étaient péniblement déposés où d’autres après les avoir brisés, les piétinaient ensuite dans une ronde infernale, soulevant des nuages de farine dans lesquels ils disparaissaient entièrement.

Mais, me direz-vous, pourquoi faisaient-ils cela ?

La raison en est simple. Dans chaque moulin, vit une colonie de lutins, et bien qu’on soit lutin, il est aussi besoin pour eux de s’alimenter. Mais étant tout petit, ils n’avaient pas autant de nécessité que les hommes. Eux ne se nourrissaient que de la poussière qui s’élevait du broyage quand le moulin fonctionnait grâce à l’action du vent dans les ailes. Le meunier lui récoltait la farine, ronchonnant contre ces poussières qui lui montaient au nez et le faisaient bien souvent éternuer. Dans ces moments là, c’était la panique chez nos lutins. Il fallait s’accrocher pour ne pas être emportés jusqu’au dehors lorsque l’unique fenêtre était ouverte. Voilà pourquoi en ces moments de disette que procure l’hiver, ils suppléaient le meunier en travaillant à sa place pour se procurer de la nourriture.

Et cela existait depuis que l’homme a inventé le tout premier moulin.

Avant les lutins vivaient sous terre dans de grandes colonies, semblables à celles des fourmis, dont ils ne sortaient qu’après les moissons pour venir glaner les grains de blé, d’orge ou de seigle, selon ce qu’avait semé le paysan dans son champ, mais parfois aussi ils devaient se contenter de grains d’avoine, comme pour les animaux de la ferme voisine.

Personne ne connaissait leur existence, sauf les fourmis, mais ils vivaient en parfaite harmonie avec elles car le champ oĂą ils cohabitaient Ă©tait assez vaste pour subvenir aux besoins de plusieurs colonies.

L’invention des moulins à vent vint à changer leur moyen d’existence, sans pour cela les amener à se faire connaître au monde. Ils évitaient les maisons ayant eu connaissance des massacres que les hommes avaient fait aux fourmis quand elles se crurent invitées à venir partager leurs habitations.

Donc, ils vivaient heureux dans leur nouveau domaine en respectant l’adage : Pour vivre heureux, vivons cachés ! Adage ironiquement inventé par l’homme.

Mais revenons à notre histoire. Or, cette année là, l’hiver s’éternisait. Le givre persistant faisait éclater le sol qui ressemblait maintenant à une peau craquelée de vieux crocodile. Les gens restaient calfeutrés chez eux et le meunier plus que tout autre puisque son moulin n’était pas chauffé. De toute façon, il n’aurait pas pu fonctionner avec autant de givre sur ses ailes. Il ne pouvait donc pas voir et encore moins se douter ce qui se trafiquait à l’intérieur.

Bien que tous petits, les lutins abattaient un travail de titan. Deux sacs de blé avaient été transformés en farine qu’ils mettaient ensuite dans des poches plastiques, eux ne conservant que la poussière de leur labeur pour se nourrir. Un troisième se trouvait déjà à demi écrasé et on n’en était qu’à la première semaine de gel. Ils travaillaient même la nuit, éclairés par les lumignons fluorescents des lucioles qui accompagnaient leur labeur, mais il fallait quand même de temps en temps les dépoussiérer pour avoir un peu d’éclairage.

L’hiver, cette année là, a empêché le meunier de venir dans son moulin durant presque trois mois. Quand il put enfin y satisfaire, juste avant que les perce-neiges pointent leurs nez au grand jour, quelle ne fut pas sa surprise de trouver empaqueté tout son stock de grains maintenant transformé en farine. Il en avait jusque derrière la porte qu’il avait dû forcer pour réussir à entrer.

Il existait bien une légende, que racontaient certains soirs les anciens assis auprès de l’âtre, légende qui disait que par de rudes hivers, un bon génie œuvrait en l’absence du meunier mais le nôtre ne l’avait jamais constaté et d’ailleurs il n’y croyait pas non plus.

Il demeurait là, hébété, stupéfié même de constater de combien était plus fine la farine contenue dans les sacs par rapport à celle que produisait sa grande meule de pierre ainsi que de sa constante application à bien faire.

Qui avait pu entrer dans son moulin puisqu’il avait fermé la porte à double tour et qui d’ailleurs aurait pu en sortir puisqu’il avait du forcer sa porte de l’épaule à cause de ces quelques sacs qui se trouvaient derrière elle, avant qu’il n’y pénètre. Ce ne pouvait pas être non plus par la fenêtre qui était close de l’intérieur.

Le bruit s’en répandit vite et selon les convictions personnelles, on évoquait un miracle, on parlait de phénomènes surnaturels et même certains prétendirent que notre meunier ne se rappelait plus ce qu’il avait fait la veille, ce qui avait eu le don de lui faire pousser la plus belle colère que l’on ait jamais vu encore.

Le moulin, qui lui ne pouvait rien dire, devint l’objet de convoitise. Chacun cherchait à se l’approprier.

L’église voulait en faire un lieu de dévotion car elle prétendait voir dans les bras en croix des ailes du moulin, une représentation symbolique de la crucifixion de Jésus sur le mont Golgotha. La situation même du moulin perché sur sa colline, incitait en ce sens.

La commune qui se voyait écartée peu à peu de la manne que cela pouvait représenter ne l’entendait pas de cette oreille. Le moulin était sur le territoire communal et devait y rester. Bref, on en était presque arrivé à une affaire d’état, tant l’engouement populaire s’était répandu sur les ondes et dans les journaux nationaux.

Pourtant l’affaire s’éteignit aussi vite qu’elle avait débutée. Aux moissons suivantes, le meunier reprit ses activités naturelles et si la farine produite n’était plus divine, bien que le goût du pain n’en fut pas changé, beaucoup le trouvèrent bien moins bon qu’avant.

Le mystère resta entier mais la légende prit ce jour là un cachet d’authenticité que plus personne ne put ou pourrait désormais renier.

Et les lutins, me direz-vous ?

Ils attendent sagement qu’un nouvel hiver arrive pour renouveler l’aventure.



Sphyria
Envoyé le :  5/11/2023 17:24
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Envois: 27511
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Une bien jolie prose, très touchante et très inventive !
franie
Envoyé le :  5/11/2023 19:59
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 38938
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Bonsoir Chibani

Belle inspiration, un récit qui nous tient en haleine du début à la fin. J'ai beaucoup aimé l'histoire.

Amicalement Franie


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EvilFranck
Envoyé le :  6/11/2023 18:20
Plume de diamant
Inscrit le: 8/7/2013
De: Pandore
Envois: 69100
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Bonsoir Guy, très belle histoire que conte la plume

Amitiés


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La poésie, c'est comme la cuisine, le mot faitout

00063312-1

berrichonne
Envoyé le :  7/11/2023 20:44
Plume de diamant
Inscrit le: 17/6/2008
De:
Envois: 16975
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Je les aime tes lutins Guy, j'espère qu'il vont attirer beaucoup de lecteurs.





Michèle


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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.

Yanous
Envoyé le :  8/11/2023 17:10
Plume d'or
Inscrit le: 24/1/2015
De: RhĂ´ne Alpes
Envois: 1700
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Un joli conte a raconter aux enfants. Mes petits enfants sont trop grands maintenant, mais ils auraient aimé que je leur raconte cette belle histoire. tant pis, je me la garde pour moi. merci pour ce beau partage.
Yanous


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«La poésie est cette musique que tout homme porte en soi.»

Ogr3
Envoyé le :  8/11/2023 18:15
Plume de platine
Inscrit le: 25/4/2016
De: Voie Lactée, Terre, parfois Lune
Envois: 8832
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Une micro nouvelle Ă  la texture fluide.

Merci pour ce partage et ses petites mains

Bonsoir Guy
Amitiés Marc
RomanNovel
Envoyé le :  12/11/2023 11:49
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 27/8/2022
De: Dordogne - Originaire de Lyon
Envois: 10180
Re: LES LUTINS DU VIEUX MOULIN
Une belle histoire finement racontée en ta plume pour cette belle aventure de ces petits lutins vivant dans un moulin, lieu où ils peuvent tranquillement se ravitailler pour vivre.


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