Je ferai preuve ici, d’une transparence phénoménale.
Ne faites pas l’erreur de me croire en détresse.
Derrière le masque de l’insouciance, pointe un air de sagesse,
mieux dissimulé que les délires, issus d’une intelligence marginale.
Mon usine mentale est à l’image de ma société;
vue de l’extérieur, elle est solide, efficace et structurée,
à l’intérieur de ses murs, on ne perd pas automatiquement l’illusion,
que tout est planifié et à l’abri de la confusion.
Un observateur objectif ferait un constat bien différent.
Les travailleurs y sont divisés et désillusionnés,
quant à la pertinence de tous ces départements,
qui dans les faits, servent à diviser pour mieux régner.
Le propriétaire doit-il être le seul à s’habiller,
du lourd et dégradant veston de la culpabilité?
N’a-t-il pas été graduellement poussé dans l’engrenage,
qui fait tourner la roue du capitalisme sauvage.
Pour faire face à cette oppressante réalité,
un gestionnaire doit rapidement s’adapter,
prenant hâtivement des décisions,
allant à l’encontre de sa raison.
Ce sont les neurones du département de la raison,
qui par leur débrayage métaphorique temporaire,
soulevèrent mécontentements et revendications,
chez la masse, plus opportuniste que solidaire.
La gang de l’instinct réussit difficilement à repousser,
l’ardeur démesurée, déployée des scabs de la folie,
propulsés par une énergie volée au département du génie,
qui heureusement avait eut la prévoyance d’en cacher.
La majorité du troupeau, aveuglée par cette victoire,
crut en l’instinct et son contrôle illusoire.
Un seul département ne festoyait pas l’évènement :
les soldats de la conscience, armés d’arguments.
suite
Judicieux choix d’arme contre l’adversaire intelligent.
Les projectiles rataient leurs cibles trop souvent.
L’armure de l’ignorance protégeant les imbéciles,
Rapidement, les outils de persuasion, furent moins subtils.
Les rebelles devaient prendre conscience de la vraie question.
Inévitablement, la conscience éleva et durcit le ton.
Le vent avait gonflé les voiles du changement,
le voilier libéré de ses amarres, prit la direction de l’océan.
Le capitaine de l’instinct tenait la barre fermement,
S’aggripant plus à la sensation de pouvoir entre ses mains
qu’aux motivations l’ayant poussé à devenir marin.
Arriverait-il Ă garder le cap, face aux remugles du courrant?
Les graines que la conscience avait récemment semées,
émergèrent silencieusement de la tête des matelots aliénés,
en un arbre aux branches solides et aux fruits déjà murs.
Le capitaine leurs trouverait la chair amère et le noyau dur.
Face à la mutinerie, l’instinct céda son roi.
Victime d’un stratégique mouvement sur l’échiquier,
désobéissant à la plus fondamentale des lois,
pilule difficile a avaler sans un grand verre d’humilité.
Les travailleurs regagnèrent à reculons l’usine,
aussi dépourvus d’humour que de nouvelles conditions,
Ils allaient continuer Ă faire tourner la machine,
dans l’espoir d’un retour prochain de la raison.
J’aurai fait preuve d’une opacité marginale,
ne faites pas l’erreur d’y déceler de la sagesse.
Derrière le masque de l’insouciance, se cache un air de détresse,
mieux dissimulé que les délires, issus d’une intelligence phénoménale.
Fin
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François Dutrisac
" Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entrainante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort" -Edgar Allan Poe
