Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1918 |
Histoires de mots, de maux ! Histoire de mots, de maux !
Je suis un combattant, un guerrier des mots J’ai pour ultime dessein de vaincre les maux Livrant combat, je suis un homo textuel Ma plume est mon épée, mon glaive manuel.
J’écris des vérités, dénoncer les folies Je fais mal, là où je peux, la mélancolie Remplit le cœur des impies, je sens leur détresse A eux, la tristesse et grand stress, à moi l’allégresse !
L’arme est non létale, mais quelquefois fatale Le résultat a un impact sociétal Il marque les esprits, des grands et des petits Le texte est plus fort que la balle d’un fusil !
Toujours écrire, comme si c’était la fin Il me faut noircir la page, de jolis mots De bons mots, de gentils mots, des mots au parfum Subtil, sans forcer sur la pointe du stylo.
Si je prends d’un coup, soudain, trop de liberté Dans le contenu du texte, je dois brider Mes propos et calmer mes envies de clarté Il n’est pas bon goût, d’avoir l’esprit débridé.
Laisser libre cours, pour rédiger un pamphlet Au ton polémique, violent, agressif L’art de l’écrit, sans essuyer un camouflet C’est manier les maux, rester inoffensif !
Rendez-moi mes idées, vous mettez en danger Mon identité ! Vous ne pouvez changer Ce que je suis, jamais, je ne serai esclave Je briserai mes chaînes, je vis sans entraves !
Vous avez peur et vous craignez la vérité J’ai pour arme l’alphabet et pour bouclier Du papier, je n’ai jamais démérité Ou même cédé devant vos lois publiées.
Allons jouter de propos et de mots d’esprit Il me plaît cher ami, de vous entendre enfin Déclamer en des vers, cela sans parti-pris Vos plus fins traits, rendez les moi, au meilleur prix !
Je suis preneur, je vous le dis, de vos saillies A vous écouter, vous semblez un peu vieilli Ne sentant plus l’élan de nouvelles réparties Comment voulez-vous ainsi gagner la partie !
Je sais qu’avant de passer de vie à trépas Vous me direz clairement ne m’oubliez pas J’irai, pour ne plus subir vos maux, sans vergogne Sur votre tombe, pisser sur votre tombe !
Travailler sur les mots à les rendre plus beaux Les images, les rythmes, et leurs sonorités L’élan créateur à la lueur des flambeaux Qui me pousse à écrire avec célérité.
Entre l’emphase et le pathos des sentiments A l’intime de ces lectures romantiques Aux chants glorieux des combats et châtiments Je suis perdu dans des méandres dramatiques.
Je promène mon cœur sur des chemins de terre Parcourant tous les maux d’un univers lyrique A la fois posture et imposture, l’abécédaire Des tons exprimés à la beauté esthétique.
J'aime les triturer, à l'endroit, à l'envers Entre mes mains, ils sont de petits instruments Avec eux, je façonne, je polis des vers Vers de terre et d'éther, que j'écris goulûment.
Je suis friand et avide, de traits d'esprit Savourant à la fois, l'humour et l'ironie Un bon mot, bien placé, j'en suis tout surpris Un mot vulgaire, je le voue aux gémonies.
Les mots, il faut les manger doucement, sans bruit Ils doivent glisser le long de votre œsophage Et arriver dans l'estomac, un goût de fruit Vous devez ressentir, l'oubli des Lotophages !
Je ne peux plus lutter et je perds le sommeil Je crains ce mal en moi, peur de rester en éveil J’ai contracté un jour, un de ces vilains maux Frénésie de l’écrit, ce je, ce jeu de mots !
Que folie dans l’esprit ! Un combat de Titans Les mots, ces sacrés mots ! Je les sens militants Revendiquer leurs droits, oubliant leur devoir De me laisser en paix et de souffler un soir !
Que me voulez-vous ? Qu’ai-je fait ? Pour supporter Vos tourments, torturé ! Je l’avoue de porter Des mots qui rêvent en secret, de liberté De partir pour l’inconnu, vous avez gagné !
Courez ! Courez ! Quittez ce cerveau vers mes mains Je les vois se bousculer sur le parchemin Ils frétillent, tels des poissons, dans un bocal S’agitent sans cesse, de leur vigueur bancale !
Ecoutez ! Tous mes mots, contrôlez vos humeurs Je comprends vos ardeurs, vos envies d’escrimeurs Prenez garde au chaos, laissez le temps, au temps A trop vouloir, on perd, la chaleur du printemps !
Il est vrai ! J’ai écrit beaucoup et ils ont pris goût Les mots, à se presser quand, malgré mon bagou Je préférais les coucher sur du papier Bref ! Ils continuent à me casser les pieds !
J’ai donc pris la route avec mes amis les mots Chassés de toutes parts, on nous crachait dessus Etions traités pire que des animaux Quelquefois battus, frappés à coups de massue.
Le nouveau gouvernement ne supportait pas Rejetait tout ce qui touchait à la culture Etre un mot et on passait de vie à trépas Comme çà , souvent par manque de nourriture.
Les mots étaient considérés comme anormaux Ils devaient porter sur eux, une plume jaune L’emblème littéraire, le pire des maux Arrêtés et déportés, fusillés au pylône.
De sombres époques pour les mots, mais pourquoi Tant de haine envers les lettres, tant de cris vains Car on pouvait voir dans les regards noirs, narquois Des bourreaux, la colère envers les écrivains !
Tous les mots descendent les marches à pas feutrés En rang serré, ils se dirigent vers l’écrit Quelques uns, gaiement, se mettent à folâtrer Sur le papier, en poussant de joyeux cris.
Un mot cassé qui trébuche sur le sol gras D’un carton, aigri, usé par le mauvais temps L’encre bleutée, desséchée d’un stylo ingrat Refusant de travailler un jour de printemps.
Tous ces forçats, ouvriers du dictionnaire En rangs serrés, page après page, leur boulot C’est de renseigner ces petits tortionnaires Et qui n’ont pas grand-chose dans le ciboulot.
Je vous le dis ! Les mots sont les nouveaux esclaves Pas de repos, congés payés, toujours trimer Nous prennent littéralement pour des zouaves Le pire c’est la poésie, il faut rimer !
Le poète surpris, par un tel vacarme S’énerve et interpelle les capricieux De l’ordre Messieurs ! Ayez peur du gendarme Que je suis, je n’aime pas les séditieux !
Je veux de vous, sérieux et surtout grandeur Seuls les plus beaux, seront choisis pour ce poème Prenez-vous par la main, j’aime votre candeur Allez ! Vous, mes tendres mots, enfants de bohème !
Il est mort le poète ! Il est mort le rimeur Un soir d'avoir écrit, un soir d'avoir décrit Les maux de ces mots, il était escrimeur De vers, de jolis cris dans son manuscrit.
Sa vie était rime, quelquefois masculine Pauvre, suffisante, mais le plus souvent riche La plupart du temps, en compagnie féminine Car il savait la conjuguer en acrostiche.
Croisées et alternées, brisées ou embrassées Il aimait les femmes, ces amours tripartites Tout était épique et lyrique, embarrassé Pour un mauvais sonnet, il mourut d'une cuite.
J’ai ressenti dans la poésie populaire La musique de l’âme et les chansons d’amour Mélopées et mélodies dans le sanctuaire Des poèmes anciens et des récits de cour.
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