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     TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - 4 -
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  2/5/2012 13:13
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3489
TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - 4 -
LES CHANTIERS

Les chantiers de La Seyne, à l’époque Forges et Chantiers de la Méditerranée, jouaient dans les poids lourds de la construction navale : paquebots, pétroliers, cargos divers et même navires de guerre.
Les chantiers de Balaguier, Chantiers Maritimes du Midi, en étaient le parfait complément : Sur deux lignes d’assemblage on fabriquait là, de fer et de bois, de plus petits navires tels que chalands, gabares, remorqueurs, vedettes et navettes de transport, dragueurs de mines, chalutiers et yachts rutilants.
Quelques cales de radoub donnaient directement sur la mer, côté Tour Balaguier et recevaient à l’entretien des unités de même gabarit. Plus tard c’est sur ce site que le film « Le petit baigneur » sera tourné.
La baie résonnait du bruit des machines et riveteuses ; des lueurs se reflétaient sur les façades, générées par les chalumeaux et la soudure à l’arc. Il y avait de l’ouvrage pour quelques deux cent ouvriers métallurgistes et charpentiers de marine.
C’est là que travaillait mon Père, après avoir quitté la Marine Nationale, ouvrier de jour, puis veilleur de nuit.
La mise à l’eau des bateaux achevés était un évènement pour lequel, outre les personnels concernés, tous étaient conviés, voisinage et curieux de passage. La circulation était déviée par la route de La Seyne et le chemin du Manteau vers Tamaris.
Suivant le cas, la Corniche littorale était fermée pour quelques heures : il s’agissait des plus petites unités, plaisance ou pêche assemblées sur des berceaux montés sur essieux pneumatiques multiples.Un plan de mise à l’eau bétonné faisait face à l’entrée principale du chantier et il fallait tracter et contrôler précautionneusement l’attelage pour traverser la route et le navire se libérait naturellement de son plateau une fois à l’eau.
Pour les grosses unités assemblées sur cale, c’était plus conséquent : la corniche était fermée pour deux ou trois jours, le temps pour une armée de charpentiers, à grand renfort de poutres, cales et madriers, de relier la ligne de mise à l’eau du chantier à sa partie inférieure d’immersion. C’était un ballet animé et sonore et j’étais parmi les curieux fasciné par le labeur.
Les lancements proprement dits étaient l’occasion d’une cérémonie haute en couleur avec des drapeaux et guirlandes partout flottant au vent, estrade des Officiels, Directeurs, Clients, Ediles municipaux, Préfet. Sonorisation puissante et nasillarde diffusant les échos de la musique et des discours. Et ces odeurs particulières, rabattues par le vent : les charpentiers, avec de longues perches emmaillotées d’étoupe répandaient largement le suif chaud sur les patins de bois. Puis sourdaient les coups de masse libérant les derniers liens de la cale. La marraine lançait sa bouteille, un coup de sirène, et la glissade commençait sous les vivats, freinée par de lourdes grappes de chaînes, dans un nuage de poussière. Une grande gerbe d’écume et le navire avait rejoint son élément.
Après c’était la fête, vin d’honneur et apéritif pour les personnels, invités, habitants du hameau et curieux, pendant que le bateau était amarré à quai pour les dernières finitions avant livraison.

Ces années-là étaient dures pour tout le monde : mon Père avait échangé sa maigre solde d’officier marinier pour un salaire de misère comme ouvrier ; Pour améliorer l’ordinaire, il se fit gardien de nuit sur le site. Je me souviens des soirs où nous lui apportions sa gamelle dans sa loge et de son gros pistolet à barillet
dans le holster. Les vols de métaux, cuivre, bronze et laiton étaient fréquents et organisés. Il en fit l’expérience douloureuse en étant proprement assommé et saucissonné un soir sans lune. Il s’en tira avec quelques points de suture…
Il y avait cependant quelques « compensations » en nature : il ramenait le soir sur son dos de chutes de bois d’ouvrage et des clous dont je faisais des bateaux, de guerre évidement, avant qu’il finissent dans le poêle ou la cuisinière ; aussi des chutes de savon de Marseille et de la soude caustique pour faire le savon noir de la lessive.

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textes protégés par Copyright
vinicius
Envoyé le :  6/5/2012 9:44
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4837
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - 4 -
Bonjour,
Pas besoin d'interprète
j'entends toujoirs la sirène des chantiers
qui libérait midi et soir un flot de bicyclettes...


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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

crisroche
Envoyé le :  9/6/2012 16:34
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13522
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - 4 -


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Parceval
Envoyé le :  12/8/2012 20:09
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3489
Re: TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - 4 -
Merci de votre présence
Sur le chantier des souvenirs

Mes amitiés

Parceval
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