Si je t'avais au téléphone...
Si je t'avais au téléphone...
Je te dirais que rien ne dure, que tout revient :
Hier encore la canicule, aujourd'hui la pluie ;
Bientôt seize heures et je ne suis pas habillé
Certes ce n'est pas l'hiver, il fera jour demain...
Je ne déprime pas, c'est la lassitude
D'une vie raccourcie tous les jours d'automne ;
J'ai ressorti mes pulls, ranger mes tee- shirts :
Bientôt viendra l'hiver : mauvaise d'habitude.
Les rues seront froides sous le ciel étoilé,
Glauques sous la bruine par des temps de chien,
Et même si mon moral en serait en berne
Je sortirai la laisse pour aller promener.
Puis je me ferai une tasse de café,
Chercherai le printemps sur le calendrier ;
Sûr les frimas viendront, j'ai du bois à scier
Et rien que d'y penser, je me sens grelotter.
J'ai rendez-vous bientôt, nos fils sont endettés
Et les bras m'en tombent , chacun fait ce qu'il peut
Mais les impôts pleuvent, redevances et taxes :
Tels citrons pressés, pourrons-nous les aider ?
Chaque jour a son lot d'infos pour nous stresser :
La société se trouve en plein bouleversements ;
Qui sont les bons et les mauvais ?c'est navrant !
Et que vaut encore l'eau dans nos bénitiers ?
Si je t'avais au téléphone...
Je te dirais seulement, dis-moi comment vas-tu
Puis je t'écouterais me parler de ta vie
J'entendrais tes rires et les futilités
Ton discours léger, tendrement ingénu.
Je te dirais que rien ne dure, que tout revient :
Plus loin, plus loin.
Pierre WATTEBLED- le 7 octobre 2018.
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