C’est tout jeune homme
Que je l’ai rencontré.
Elle avait un charme fou
Je me cachais pour l’écouter.
Tout de suite, je l’ai aimé
Sa richesse d’âme
N’avait d’égal que sa beauté.
D’un béguin inavouable
J’ai appris sa langue
Étrangère en tout points
Je lui ai écrit quelques mots
Nous sommes devenus amis.
Amis d’un jour
Amis depuis ce jour
Toujours fidèle à mes côtés
Telle une vieille chanson.
Je l’ai accompagné
Dans les plus grands concerts
La priant de ne pas tout dévoiler
De garder ce mystère, qui avive ma flamme.
Dans mes moments de chagrins,
Toujours, elle était
Quand je voulais rendre les armes
Quand je voulais fuir l’insupportable.
J’ai gratté les nuits sans voix
Pour combler le silence
J’ai composé les notes du sûroit
Pour te ramener près de moi
Quand d’un ailleurs, mon esprit errait
Entre ciel et terre, un je ne sais où.
Maintenant, sur ma chaise qui craquette
J’écoute sa voix, qui arrête le temps
Qui toujours me soulage,
Du poids de la vieillesse
Bientôt, je sais, je partirai
Pour ce long voyage
Mon bras sous le sien
Dans ce monde de l’après
Dont on ne sait que peu.
Ma musique et moi
Partiront ainsi, enlacés
Complices de notre grande passion.
À ma grande honte, je le confie
Elle a été mon seul et grand amour
Mais à moitié, j’aurai vécu
Si tout jeune homme
Je ne l’avais rencontré.
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sylvianni