C’était un petit bonheur
Comme on en voit à tous les jours
Un peu usé, mais bien vivant,
Refusant les amarres des grands bateaux.
Chaque jour, au bout du quai
En secret, nous nous voyions
Je l’appâtais de quelques sourires,
Il me le rendait bien, je l’aimais bien.
Puis un rendez-vous manqué
A cerné le mouron
Craignant mon petit bonheur
Dans les mailles d’un filet.
J’ai plongé à sa rencontre
Le courage en bandoulière.
Sous le tonnage de l’eau
Je suis restée, sans heures comptées
Laissant la marée, emporter mes chagrins
Entre houle et déception.
Souvent, je pense à lui
Quand en haute mer, je m’évade
Pour rendre hommage à cette liberté
Que le petit bonheur a pris sous le bras.
Maintenant, je sais
Qu’en son linceul marin
Les âmes perdues trouvent refuge
Car je vois, par jour clair,
Leurs sourires, tout trempé de bonheur.
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sylvianni