Ecrire en liberté, dans un matin de guerre.
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(Voyage au fil de l’onde.)
Etat d’urgence,
au fil de l’eau,
Descente en tas de troncs abattus,
Déesses endormies,
sacrifiées en troupeau,
Etamines de lumineuses statues.
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Libre, au torrent de printemps,
L’onde secoue ses roseaux cassés,
Colère du diable en passe-temps,
Le linge frais grisaille la lumière passée.
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Les crimes ricochent,
glissent en eau profonde,
Sombres coquilles de noix grandioses,
Des entrailles fument
les amours blondes,
Les confidences marbrent noir l’apothéose.
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Le saule esseulé étend sa chevelure,
Griffes de tigres, racines décharnées,
A mourir debout, l’écorce en pelure,
Au pied le nénuphar filtre le courant acharné.
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L’eau du sommeil
retient ses serres,
La laine déchire le temps, lait de splendeur,
Glisse aux galets lisses,
ses yeux de verre,
Envase la rivière, déversant sa strideur.
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Quand dévale le delta féroce, stérile,
Le cours s’accorde une dernière paresse,
Glisse en haute mer, ambiance hostile,
La barre rugit au loin, impitoyable ogresse.
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La liberté de boire au creux
l’eau éternelle,
Au fil d’une guerre frappant la rive en destin,
La vérité creuse en lambeaux ses ritournelles,
Scribes nymphéas, cruauté vivace
déchirant le matin.
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