Le Corbeau irascible
Pourquoi crier si fort, irascible corbeau ?
Mais que t'arrive-t-il, te voilà blanc de rage,
Tu t'étrangles tout seul, à réveiller les morts !
Je passe mon chemin, en vain tu t'égosilles.
Cet oiseau, qui sans doute est tombé tout petit
Dans un seau de charbon, n'est guère tolérant.
Hé ! que diable ! on dirait qu'il va cracher des flammes
Comme un dragon furieux, la colère l'étouffe.
Serait-ce une femelle effrayée par mes pas,
Qui défend ses petits et craint mon appétit ?
Elle ignore bien sûr que je ne goûte guère
Le pâté de corbeau mariné dans son jus !
J'ai dépassé le drôle et j'entends néanmoins
Sa furie sans limite et sa rage sans borne ;
Faites-le taire enfin, car on dirait vraiment
Que j'ai tiré la plume au bout de son croupion !